2020 sera l'année des plateformes ou ne sera pas. Alors que deux nouvelles verront le jour dans les prochains mois aux Etats-Unis avec l'arrivée de HBO Max, le service du groupe WarnerMedia, et de Peacock, de NBCUniversal, un nouvel acteur promet de révolutionner cet univers ultra-concurrentiel. Son nom ? "Quibi", pour "quick bites", littéralement "petits morceaux" en anglais, dont la présentation officielle s'est déroulée mercredi à l'occasion du CES de Las Vegas, le salon de l'électronique. Aux manettes de ce projet ambitieux Jeffrey Katzenberg, ancien président de Disney, Meg Whitman, ex de e-Bay, et Tom Conrad, ex-vice président de Snapchat.
L'originalité de Quibi, qui sera lancée le 6 avril prochain outre-Atlantique, provient du fait qu'elle a été conçue pour les smartphones et sera donc accessible uniquement par ce biais, pour un coût annoncé de 4,99 dollars par mois avec publicité et 7,99 dollars sans. Ses concepteurs ont réussi à organiser une levée de fonds d'un milliard de dollars en 2018 auprès de géants tels que Disney, NBCUniversal ou Warner, pour être en mesure de s'offrir les services des plus grands noms de Hollywood tels que Guillermo del Toro, Steven Spielberg, Sam Raimi, Reese Witherspoon, Idris Elba, Zac Efron ou encore Sophie Turner et proposer uniquement des contenus originaux.
"Nous voulons vous proposer de grandes histoires en petits morceaux", a résumé Jeffrey Katzenberg lors de sa présentation au CES de Las Vegas. De fait, tous les contenus de Quibi seront découpés en courtes séquences de moins de dix minutes. Du calibrage sur mesure pour les jeunes générations accros à leurs smartphones et aux services de SVOD. 8.500 séquences sont annoncées pour la première année de mise en service, pour un total de 175 programmes inédits, dans tous les domaines : films, séries, actualités, sport et documentaires. Pour chaque contenu, ces séquences seront mises en ligne à un rythme hebdomadaire, représentant en tout trois heures de vidéos inédites chaque semaine.
Quibi ne se contentera pas d'innover avec le découpage de son offre. Le visionnage promet aussi de s'adapter à l'expérience sur smartphone, avec un nouveau mode baptisé "turnstyle", qui offrira à tout moment aux téléspectateurs la possibilité de passer du mode portrait au mode paysage pour adopter un changement de point de vue en fonction de l'action se déroulant à l'écran.
Comme l'a confié Jeffrey Katzenberg au site spécialisé "The Verge" la veille de la présentation de la plateforme, Quibi n'a pas été pensée comme une anti-Netflix ou Disney+ mais bien comme une offre complémentaire. Le créateur préfère se comparer à la situation de la chaîne à péage HBO au début des années 1990. "De la même manière que HBO s'est différenciée des chaînes grand public, nous nous différencions des autres plateformes sociales. Elles font du contenu pour 100 dollars la minute, nous en faisons pour 100.000 dollars la minute", a résumé le créateur auprès de "The Verge". Aucune date n'a pour l'heure été avancée pour un éventuel lancement de Quibi en Europe.