Les médias pour occuper le temps libre de l'automobiliste du futur. À l'occasion du Mondial de l'Automobile, qui se déroule actuellement à Paris, Renault a dévoilé son prototype de contenus embarqués dénommé AEX, qui signifie "expérience éditoriale augmentée". Ce système est le fruit d'une réflexion entamée depuis plusieurs mois par le constructeur automobile français. L'année dernière, Renault avait fait l'acquisition de 40% du capital du groupe de médias Challenges dans cette perspective. "Ce projet s'inscrit pleinement dans la stratégie du groupe Renault qui vise à offrir de nouveaux services connectés de qualité et à améliorer l'expérience de ses clients", avait à l'époque expliqué Carlos Ghosn, le patron de la firme au losange.
Et c'est donc tout naturellement que Renault a mis le groupe Challenges, qui comprend plusieurs titres de presse dont "Challenges", "Sciences & Avenir" et "Histoire", au coeur de l'AEX. Dans ce que Renault a imaginé à court terme - il s'agit pour l'heure uniquement d'une expérience sonore -, l'automobiliste pourra par exemple consulter des programmes d'actualité proposés par les rédactions de "Challenges" et "Sciences & Avenirs" via des podcasts originaux. L'intégralité des premiers contenus réalisés peuvent déjà être écoutés sur le site podcasts.challenges.fr.
Interrogé par "LeMonde.fr", Franck Louis-Victor, directeur des services connectés de Renault, annonce qu'une première version de l'AEX pourrait être mise sur le marché "d'ici 18 à 24 mois". Renault ambitionne par ailleurs d'enrichir son offre au-delà des titres dont elle est actionnaire en l'ouvrant à d'autres producteurs de contenus. De quoi ouvrir un nouveau champ des possibles pour l'industrie de la presse, en difficultés, qui pourrait ici se trouver une nouvelle source de diffusion... et de financement. Des publicités géolocalisées pour des commerces ou des hôtels situés à proximité de l'automobiliste durant son parcours pourraient en effet être intégrées à l'offre de contenus.
"C'est une opportunité pour trouver de nouveaux formats pour nos contenus, et de nouveaux canaux pour les diffuser", s'enthousiasme ainsi Frédéric Sitterlé, qui pilote l'intégration de contenus de Challenges au sein des véhicules Renault, également interrogé par "LeMonde.fr". Avec l'AEX, Renault est le premier constructeur automobile à mettre en branle une offre de contenus éditoriaux adaptée à la voiture autonome. L'AEX permettra ainsi à Renault de mettre en avant auprès de sa clientèle une offre différenciante, absente chez ses concurrents. Surtout, l'objectif pour le groupe de Carlos Ghosn, est de contrer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr), pour l'heure relégués au seul rôle d'agrégateurs de contenus.
"Nous voulons être le moins dépendant possible des GAFA, en gardant un accès direct à l'utilisateur", explique Frédéric Sitterlé pour qui l'éditorialisation des contenus apporte une "vraie valeur ajoutée" par rapport à "un simple agrégateur de contenus comme celui de Google". Ce dernier ne sera toutefois pas absent des véhicules Renault de demain. L'alliance Renault-Nissan-Mitshibishi a annoncé, le mois dernier, avoir signé un partenariat mondial avec Google. Dès 2021, les véhicules de l'Alliance utiliseront ainsi Android, le système d'exploitation mobile développé par Google. Les automobilistes pourront ainsi utiliser le service Google Maps ou encore l'assistant personnel de Google, qui permettra littéralement de parler à sa voiture. C'est donc via l'assistant vocal de Google que l'automobiliste Renault de demain pourra accéder à l'AEX.