L'hommage de la ministre de la Culture. Hier soir, la France a appris le décès de Valéry Giscard d'Estaing à l'âge de 94 ans des suites de la Covid-19. L'annonce du décès de l'ancien président de la République a immédiatement entraîné une pluie d'hommages, dont un rendu au Sénat dès hier soir.
A la tribune, Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, a tenu à saluer la mémoire de l'action politique de Valéry Giscard d'Estaing, chef de l'Etat de 1974 à 1981. "Valéry Giscard d'Estaing, c'est le droit à l'avortement, c'est l'abaissement de l'âge de la majorité civile (de 21 à 18 ans, ndlr), c'est le divorce par consentement mutuel, c'est l'élargissement du droit de saisine du Conseil constitutionnel, et c'est la fin de la tutelle sur la télévision publique, et donc de l'ORTF. C'est en fait l'auteur de nombreuses réformes novatrices. Un hommage sera rendu et ce sera justice" a déclaré Roselyne Bachelot, dont la parole a été accueillie par les applaudissements de l'hémicycle.
Comme un récent documentaire de Thierry Ardisson sur France 3 l'avait rappelé, Valéry Giscard d'Estaing est en effet le président ayant mis fin à l'office de radiodiffusion-télévision français (ORTF) à son arrivée à l'Elysée. Présenté comme un acte de modernisation, le projet de suppression de l'ORTF était déjà dans l'air depuis plusieurs mois et a été accéléré par l'agitation sociale au sein du personnel de l'ORTF au printemps 1974.
La réforme voulue par Valéry Giscard d'Estaing a ainsi fait éclater l'Office en sept sociétés distinctes dont TF1, Antenne 2 et FR3, Radio France - qui a récupéré les 4 chaînes de radio nationales de l'office -, un établissement public industriel et commercial chargé de la diffusion des programmes et de l'entretien des réseaux, Télé-Diffusion de France (TDF), une société d'économie mixte à participation majoritaire de l'Etat, la société française de production (SFP), et enfin un établissement public chargé des archives, l'Institut national de l'audiovisuel (INA).
Le 6 janvier 1975, les logos de l'ORTF ont ainsi disparu de l'écran des téléspectateurs pour laisser la place à TF1, Antenne 2 et FR3, trois chaînes de télévision détenues en intégralité par l'Etat. Présentées comme "autonomes et entièrement responsables", elles étaient censées assurer une "information libre et ouverte", comme l'avait affirmé Jacques Chirac, alors Premier ministre, en présentant le projet de réforme de l'Office en juillet 1974. "La nouvelle organisation doit exclure tout gaspillage, en s'appuyant sur des structures allégées. Les rapports de l'Etat et de nouvelles unités autonomes devraient se limiter à la désignation des dirigeants", avait à l'époque assuré Jacques Chirac. Dans les faits, il faudra attendre l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir pour voir la fin du monopole public dans l'audiovisuel et la proclamation que "la communication audiovisuelle est libre".
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