Après les dossiers non classés de Mulder et Scully, l'évasion de Michael Scofield. Le 15 juin prochain, M6 entamera la diffusion de la cinquième saison inédite de "Prison Break", série ressuscitée plus tôt cette année aux Etats-Unis, où elle est actuellement diffusée sur Fox. L'an dernier, la Six avait déjà proposé avec succès le retour de "X-Files", et espère rencontrer un succès similaire avec les nouvelles aventures du héros campé par Wentworth Miller, qui s'était hissé dans les meilleures audiences historiques de la chaîne il y a dix ans.
A l'occasion de la projection à la presse du premier épisode de "Prison Break" saison 5, puremedias.com s'est entretenu avec Christine Bouillet, directrice de la programmation du groupe M6, pour parler avec elle des retours de séries culte, de la baisse d'attractivité des séries américaines et de la concurrence de Netflix.
Propos recueillis par Charles Decant.
Quand une série comme "Prison Break", ou "X-Files" l'an dernier, a été aussi importante dans l'histoire d'une chaîne comme M6, est-on obligé d'en proposer la suite ?
On n'est jamais obligé à rien faire. Mais ça nous semblait important pour deux raisons : la première est que la série avait très bien marché, donc il n'y avait pas de raison de ne pas la proposer à nos téléspectateurs qui pourraient nous en vouloir et être frustrés de ne pas voir la suite d'une série qu'ils ont adorée et qui a fait les beaux jours de la chaîne. La deuxième, quand une série a été aussi marquante en termes d'images pour la chaîne, ça serait dommage de ne pas en proposer la suite. Pour nous, c'était une évidence plus qu'une obligation.
Aux Etats-Unis, les chaînes ressuscitent d'anciennes séries pour essayer de sortir du lot face à une production de contenus originaux qui ne cesse d'augmenter. En France, les chaînes ont aussi besoin de ces séries déjà connues, mais pour une autre raison : parce que les séries américaines ne fédèrent plus autant qu'avant...
Ce sont des marques immédiatement repérables, effectivement. Tout le travail de pédagogie pour raconter l'histoire de la série et l'intérêt de la regarder est déjà fait. Et surtout, elle rassemble un large public. Dans ces cas-là, on n'hésite pas parce qu'on sait qu'il existe un vrai plaisir nostalgique de la voir. Mais il n'y a pas que ça. Après, il faut que ça suive et là, en l'occurrence, ça suit très bien. "Prison Break" se modernise vraiment, elle est dans l'air du temps et ne reste pas dans ses storylines d'il y a dix ans.
Quand avez-vous acheté cette suite ? Vous aviez déjà pu voir des choses ?
Oui, on a vu des choses assez rapidement parce qu'elle a été tournée il y a un petit moment déjà. On a vu il y a plusieurs mois les premiers épisodes, en tout cas les premières versions de travail, et ça nous a assez vite convaincus.
Si ça avait été la catastrophe, vous auriez tout de même parié sur la carte nostalgie et la volonté de ne pas frustrer le téléspectateurs ? Ou vous auriez pu dire "On ne va pas proposer ça à notre public !" ?
On n'a pas eu à se poser cette question ! (Sourire)
On le disait, les séries US fédèrent moins aujourd'hui en France. Comment cela a-t-il impacté la façon dont une chaîne comme M6 fait son shopping ?
C'est vrai que c'est plus difficile. La situation est assez paradoxale : l'âge d'or des séries tel qu'on l'a connu sur les chaînes hertziennes a été suivi par ce qu'on pourrait appeler un âge de diamant. Elles ont tellement pris leur place, le genre est tellement populaire et apprécié dans toutes les couches de la population que la qualité a elle aussi vraiment augmenté. Du coup, les séries se sont éparpillées sur leurs cibles. Aujourd'hui, vous avez des "Game of Thrones", des "Big Little Lies", vous avez des bijoux absolument partout sur toutes les chaînes, et elles ont perdu leur côté mainstream, le fait qu'elles peuvent être partagées avec toute la famille. Elles n'ont pas baissé, elles ont tellement augmenté en qualité qu'elles sont moins fédératrices. C'est presque la rançon du succès. Et les téléspectateurs ont aussi des goûts plus affinés, plus affirmés qu'avant, donc c'est plus difficile de contenter tout le monde.
Vous êtes aussi confrontés à des nouveaux modes de concurrence, à commencer par Netflix. Cette année, le service a acquis les droits monde de plusieurs séries américaines, c'est difficile de lutter face à ça quand on est une chaîne nationale...
C'est vrai que ça change beaucoup la donne. On vit une période trouble où plus rien n'est comme avant, on doit s'adapter à toutes les nouvelles situations. Pour le moment, on a encore des belles marques sur M6 donc on est content. On peut proposer "Prison Break", mais on a aussi des séries qui sont là depuis longtemps comme "NCIS", "NCIS : Los Angeles", "Bones" qui va se conclure cette année. C'est une bataille de tous les jours.
Et vous avez la fiction française, genre que vous réinvestissez !
Voilà, on n'a pas que les séries américaines. Elles font partie de l'ADN de la chaîne, mais on a beaucoup d'autres programmes, on a construit nos propres marques, et chaque année il y en a des nouvelles.