"Je crois qu'on va lancer une centaine d'angles pour Steve Jobs, puis faire "les médias en font-ils trop ?" pour bien finir la journée" s'amusait dès hier un utilisateur de Twitter. Révélée dans la nuit de mercredi à jeudi, les journaux français n'ont pas pu annoncer la mort de l'ancien patron d'Apple. C'est donc ce matin que la presse rend hommage à Steve Jobs à coups de cahiers spéciaux et de rétrospectives, à l'image de Libération qui consacre pas moins de 13 pages au cofondateur d'Apple avec une Une qui fait beaucoup parler où on voit le logo de la firme renversée, faisant apparaître une larme sous la pomme la plus connue de la planète.
Mais, au milieu de ce concert de louanges, certains médias s'interrogent ce matin et les revues de presse des radios nationales n'ont pas manqué de faire état d'articles discordants à l'image de Michel Grossiord sur Europe 1 qui a compilé certaines de ces critiques. "Attention à ne pas prendre le livre de Jobs pour un nouveau chapitre de la Bible !" a-t-il ainsi relevé dans Sud Ouest tandis que La Croix s'agace de voir le patron transformé en messie d'une génération : "Quoi, les Apple Store transformés depuis hier en lieux de culte ?".
Mais une des critiques les plus dures vient du quotidien régional La Montagne qui signe un édito cinglant. "En encore moins de temps que Jean-Paul II a été béatifié, Steve Jobs a été sanctifié le jour-même de sa mort" a relevé Europe 1. "Il était visionnaire mais est-ce une raison pour sombrer dans la surenchère ridicule de cette nécrologie interplanétaire" peut-on également lire dans le quotidien régional cité cette fois par France Inter.
"Le fondateur d'Apple était à la fois un demi-dieu pour ses fans et un 'control freak', diabolisé par d'autres..." tempérait dès hier le quotidien 20 Minutes sur son site internet. Nos confrères rappelaient combien la gestion de Steve Jobs était critiqué au sein même de son entreprise. Plusieurs de ses collaborateurs n'hésitaient pas à le qualifier de "dictateur". Même prise de distance dans l'éditorial des Echos ce vendredi : "C'est donc le visage d'un génie créateur, mais aussi celui d'un fossoyeur de l'ancien monde qu'arbore Steve Jobs" écrit Philippe Escande.
Ce matin, en direct durant la revue de presse d'Agnès Bonfillon sur RTL, Vincent Parizot, le présentateur de la matinale, n'a pas hésité à faire part de son étonnement face au traitement médiatique de la mort de Steve Jobs : "Est-ce exagéré ? Pour être tout à fait honnête, c'est vrai que je me suis quand même posé la question ce matin...".