Interview
Thierry Ardisson sur "Hôtel du Temps" : "Si ça marche, derrière, j'espère faire Johnny Hallyday"
Publié le 3 juin 2023 à 13:00
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Dans ce second entretien, Thierry Ardisson se confie auprès de puremedias.com sur son prochain prime time de "Hôtel du temps" avec Coluche sur France 3.
"Hôtel du temps" : Le teaser de la nouvelle émission de Thierry Ardisson © François Roelants
La suite après la publicité

L'animateur qui ressuscitait les morts. Après avoir évoqué le secteur de la publicité dans un premier entretien, Thierry Ardisson se confie auprès de puremedias.com sur le deuxième numéro de son format original, "Hôtel du Temps", diffusé le vendredi 23 juin 2023 en prime time sur France 3. Après des audiences compliquées avec le numéro sur Dalida, le présentateur en noir proposera une soirée dédiée à Coluche, présent dans l'émission grâce à l'intelligence artificielle. L'occasion d'échanger avec le producteur sur l'utilisation de l'IA dans les médias.

A LIRE : Thierry Ardisson ("L'âge d'or de la pub") : "Je peux expliquer dans le doc comment les publicitaires vous arnaquent"

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : France 3 va diffuser le vendredi 23 juin prochain le deuxième numéro d'"Hôtel du Temps" que vous animez. Ce sera avec Coluche. Y aura-t-il des changements par rapport au précédent numéro ?
Thierry Ardisson : Oui. Absolument. Il y a plus d'archives. En fait, "Hôtel du Temps", c'est un metavers. Dans ce metavers, il y a moi, la star, l'équipe de tournage et les employés de l'hôtel. Ce n'est pas juste une interview. Par rapport à Dalida, il y a plus de choses qui se passent avec Coluche. A un moment, il a faim. Le maître d'hôtel n'arrive pas, alors on va se servir dans le frigo de l'hôtel. Il vide le frigo, le ferme et le rouvre. Le frigo est à nouveau plein. Je lui dis : "C'est quoi la marque de ce frigo ?". Il me dit : "C'est un truc que j'ai inventé. C'est comme la Loi Coluche". Coluche, je l'ai découvert au "Café de la gare" en 1972. Mais j'ai découvert au-delà de ce que je savais de lui, un type immense. Ce qu'il dit sur le travail, les retraites, sur la vie... C'est hyper d'actualité ! Il avait tout compris.

En quoi Coluche vous fascine-t-il ?
C'est ce qu'il est devenu à la fin qui me fascine. L'histoire est belle. Il s'occupait des chanteurs pour l'Ethiopie. Il avait fait un clip et avait fait un appel aux dons. Un jour, un mec l'appelle et lui dit : "C'est bien beau l'Ethiopie, mais en France aussi il y a des gens qui meurent de faim". Là, il a eu cette conscience que Bernard Henri-Lévy n'a jamais eue : c'est bien de regarder ce qu'il se passait à l'autre bout du monde mais c'est pas mal de regarder ce qu'il se passe au coin de la rue. Il a créé les Restos du coeur. Là, il devient une espèce d'Abbé Pierre. Il devient le Saint Coluche. Moi, j'ai adoré ça.

"Ca a pris du temps avec les enfants de Coluche, ça a été un peu laborieux" Thierry Ardisson

Quel sentiment ça vous donne de ressusciter des morts ?
Moi, ça ne me dérange pas, mais certains... (rires) Je vais vous raconter l'histoire. A Canal+, les gens que j'avais en face de moi dans "Salut les Terriens" m'intéressaient moins que ceux que j'avais eu auparavant. Quand vous avez la chance d'interviewer Gainsbourg ou Jean d'Ormesson... Mais après, j'étais moins fan des gens que j'interviewais. Là, Bolloré me vire. Je suis allé voir Delphine Ernotte et je lui ai dit : "Je ne viens pas pour la place de Ruquier, je viens pour ressusciter les morts". Elle m'a regardé. (rires) "Dites-moi oui et je le fais", mais je ne savais pas du tout comment j'allais faire. Ce que j'ai inventé, moi, ce n'est pas le deep fake, c'est l'utilisation noble du deep fake. Le deep fake avait été inventé pour des raisons néfastes. Par exemple, Obama dans une partouze ou Hitler et Staline qui chantent du Abba. Mais il n'y avait jamais eu de deep fake utilisé dans un but positif et culturel.

Et Delphine Ernotte a été convaincue ?
Je lui ai dit : "Je vous promets que tout ce qui sera dit dans l'émission sera vrai". Il n'y a rien de pire que de ressusciter des morts et leur faire dire des conneries. Si Coluche parlait des Gilets Jaunes, ce serait ridicule. Elle m'a dit "oui" et Stéphane Sitbon-Gomez aussi. On a fait un premier trailer avec Mitterrand et Lady Di, ça les a beaucoup séduits. Ils m'en ont commandé un avec Jean Gabin. Toute la chaîne l'a regardé. Ils m'ont dit : "Bravo ! Franchement, on n'y croyait pas trop, mais c'est incroyable !". Mais ils m'ont dit que Gabin est un peu loin des gens et qu'il faudrait faire des gens plus contemporains comme Dalida et Coluche. J'ai fait Dalida... Ils m'ont programmé un lundi soir... Ce genre d'émission, sur France Télévisions, c'est le vendredi sur France 3. C'est la case des morts. C'est là où ils font Mike Brant. (rires) Donc, ils m'ont mis un lundi et j'ai vendu le truc en disant que c'était une interview de Dalida, alors que c'est un docu-fiction avec beaucoup d'archives ! Sitbon m'a dit : "Ce n'est pas un carton d'audience, mais ça a été très bien accueilli. Même Twitter était positif. Donc, on continue".

Ca a quand même pris du temps entre la diffusion du premier numéro et du deuxième.
En fait, ça a pris du temps avec les enfants de Coluche, parce qu'ils sont co-scénaristes avec moi. Ca a été un peu laborieux. Je le comprends très bien. Moi, c'est mon bébé. Eux, c'est leur papa. Si demain on veut faire un film sur mon père, je vais demander ce qu'on met dedans. Et à la sortie, le résultat est très positif et ils ont apporté des choses. Par exemple, la scène du frigo, c'est d'eux. Ca a été compliqué, mais à la sortie, le film est vachement bien. C'est la première fois de ma vie que je mets un an à concevoir une émission. Après avoir fait deux émissions par semaine, j'en fais maintenant deux par an. (rires).

"Je travaille sur un concept d'un concert d'une star disparue qui chante avec la scène musicale d'aujourd'hui" Thierry Ardisson

Vous intéressez-vous à l'évolution de l'intelligence artificielle, comme la technologie de Chat-GPT ?
Je m'y suis intéressé il y a quatre ans. Il y a quatre ans, j'ai dit qu'un jour les grands acteurs vendraient leurs droits post-mortem pour être ressuscité. Tout le monde me regardait avec de grands yeux. Aujourd'hui, Al Pacino vient de le dire. Oui, ça ouvre des possibilités. Moi, ce que je fais, c'est rien. C'est qu'un échantillon. Là, je travaille sur un film de cinéma. Je pourrais faire un film où je ferai jouer Jean Gabin et Jean Dujardin. Il y a aussi la télé. Je travaille sur un concept d'un concert d'une star disparue qui chante avec la scène musicale d'aujourd'hui. Par exemple, Johnny Hallyday qui chante avec Angèle, Clara Luciani et Juliette Armanet. Puis, il y a la pub. Pour Noël, je peux faire Lagarfeld qui vend son nouveau parfum. Ce n'est que balbutiant. Il faut reconnaître que Sitbon-Gomez et Ernotte ont été quand même été visionnaires !

Ne craignez-vous pas des dérives de l'intelligence artificielle ?
Viendra un jour où on générera directement un personnage dans une émission. Il apparaîtra comme par magie. On peut aussi mettre toutes les infos sur Coluche dans une machine, et la machine invente du Coluche. Moi, je ne le fais pas. C'est un grand sujet de discussion, à cause de Chat-GPT. J'ai deux règles. D'abord, il faut dire au début de l'émission que le personnage de Coluche a été reconstitué grâce à l'intelligence artificielle. Ensuite, je précise que tous les propos tenus par Coluche dans l'émission sont authentiques. Sinon, c'est n'importe quoi. C'est là où il va falloir que le législateur soit très ferme. Chaque fois que tu vois une photo dans un journal faite par une intelligence artificielle, il faudrait qu'il y ait une pastille rouge pour dire "attention IA". Si on ne s'impose pas cette discipline, pendant les élections présidentielles, tu peux avoir Macron qui dit de voter Le Pen. Il y a des gens qui disent : "Il faut arrêter ça". Mais quelle technologie a déjà été arrêtée ? On n'en a jamais arrêté aucune. Le monde avance. C'est à nous de faire en sorte que ça se passe bien. Mais on n'arrête pas le progrès.

"Si ça marche, derrière, j'espère faire Johnny Hallyday. Si ça ne marche pas, je ne vais pas insister" Thierry Ardisson

Le format a-t-il été vendu à l'international ?
Oui, les Américains ont racheté le format. C'est rare. En général, c'est l'inverse. Warner Bros. a racheté le format pour le monde entier, sauf les pays où il y a Mediawan. C'est magique pour moi. J'ai été élevé par mon père dans le culte de Hollywood. Travailler avec les Américains, c'est whaou ! L'été dernier, j'avais un call avec eux. Je vois arriver un mec sur l'écran. Il me dit : "We love your show, we want to do it in the States". J'ai cru que c'était un canular. Je n'ai pas beaucoup fait d'international. J'ai passé tellement de temps à faire mes émissions que je ne me suis pas occupé de mon business, comme a pu le faire Arthur. Aux Etats-Unis, ils ont cherché l'incarnation du format. Mais comme les animateurs sont liés aux réseaux comme NBC ou CBS, ils ont eu une idée - qui est meilleure que la mienne -, c'est de faire interviewer une star morte par une star vivante. Par exemple, Lenon interviewé par McCartney. C'est magique...

Après des audiences compliquées sur le premier numéro, avez-vous un stress pour celui avec Coluche ?
Il n'y a pas de stress. Je suis très réaliste. Si ça marche, derrière, j'espère faire Johnny Hallyday. Si ça ne marche pas, je ne vais pas insister. J'ai plein de projets. Mais c'est vrai que j'ai beaucoup investi là-dessus. C'est l'un des projets dans lesquels j'ai le plus investi, à la fois en argent et en énergie. Si le public n'en veut pas, c'est lui qui a raison. Je ne dis pas que je suis un génie méconnu et que personne ne me comprend. (rires) Mais je pense que ça va marcher parce que Coluche parle aux gens. Je suis content que la vie me permette de faire ça. Plutôt que de finir en vieil animateur sur une chaîne pourrie. (rires)

La suite de l'interview à lire demain sur puremedias.com.

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