Sa contre-attaque n'aura pas tardé. Vingt-quatre heures à peine après l'intervention de Dominique Strauss-Kahn au 20 heures de TF1, Tristane Banon était l'invitée ce soir du Grand Journal de Michel Denisot avec son avocat, David Koubbi. Elle est naturellement revenue sur les propos de l'ex-patron du FMI à son encontre. Il déclarait au sujet de celle qui l'accuse de tentative de viol : "J'ai été entendu comme témoin, j'y ai dit la vérité : que dans cette rencontre il n'y avait eu aucun acte d'agression, aucune violence. La version qui a été présentée est une version imaginaire, calomnieuse, et d'ailleurs j'ai déposé une plainte."
Première réaction à la déclaration de DSK, qui a assuré hier soir avoir perdu sa légèreté. "Je suis navrée pour lui, la légèreté, moi je l'ai perdue le 11 février 2003. Quand je le vois dire ça avec cette dureté, ça fait mal. Je constate qu'il n'a pas eu un mot, ni pour Nafissatou Diallo, ni pour moi, ni pour les possibles victimes. Il dément les faits hier soir mais dans ce qui a fuité de son audition, il commençait déjà à se souvenir qu'il avait peut-être essayé de m'embrasser, ce qui était très loin de ce qui s'est passé". Puis Tristane Banon a raconté une nouvelle fois les faits : "Ce monsieur m'a fait venir dans un appartement sans me dire que c'était une garçonnière (...) Quand je suis arrivée, il a fermé à double tour (...) Très vite, on s'est battus, ça a mal tourné, si je n'avais pas eu beaucoup de chance, ça aurait fini par un viol".
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de porter plainte ? "Tout le monde m'a conseillé de ne pas porter plainte (...) Quand je vois la façon dont je suis broyée médiatiquement et dans ma vie quotidienne, si j'avais porté plainte à l'époque, je serai à dénombrer au nombre des suicidés à mon avis (...) Quand on décide de ne pas porter plainte, on se dit, je vais faire comme si ma vie était normale, ça va se tasser, je vais oublier (...) C'est quand on vous ressort que Monsieur se fait arrêter au FMI, quand monsieur a un problème avec Nafissatou Diallo... Ce n'est jamais moi qui ai parlé de cette histoire, j'en ai parlé une fois, à tort, sans doute (au cours du dîner de Thierry Ardisson, ndlr, lire ci-dessous)." Tristane Banon a par ailleurs indiqué que si le parquet classe l'affaire, elle se constituera partie civile. "Le dossier n'est pas si vide que ça, ce n'est pas juste parole contre parole" a-t-elle expliqué. Ce sera alors à un juge d'instruction de trancher.
Comme elle l'a rappelé lundi soir sur Canal +, la tentative de viol évoquée par Tristane Banon se serait déroulée en 2003. Dans une émission de Thierry Ardisson, "93 faubourg St Honoré" enregistrée début 2007, la journaliste et romancière avait raconté pour la première fois cette histoire dans les médias, évoquant un "chimpanzé en rut". "C'était pour mon livre (...) il m'a rappelée, m'a donné une adresse (...) je suis arrivée, c'était un appartement vide avec une télévision, un magnétoscope, un lit au fond (...) il a gentiment fermé la porte, j'ai posé le magnétophone tout de suite pou enregistrer, il a voulu que je lui tienne la main pour répondre (...) Cela s'est très mal fini, on a fini par se battre, j'ai donné des coups de pied, il a dégraffé mon soutien gorge, essayé d'ouvrir mon jean, ça a très mal fini (...) Je lui avais parlé du mot viol pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait plus peur que ça et après il n'a pas arrêté", avait-elle expliqué. A l'antenne, le nom de DSK avait été bippé.
Pour quelle raison a-t-elle participé à cette émission ? "On m'a dit, ça va t'amuser parce que ça parle de politique, je me suis dit je suis là pour faire la blonde qui vient pour parler de politique a expliqué Tristane Banon sur Canal +. On m'a prévenue entre deux et cinq minutes avant qu'on allait peut-être me parler de ça". Depuis sa plainte, Tristane Banon n'est apparue que deux fois dans les médias : dans le journal de David Pujadas sur France 2 et dans L'Express, à qui elle avait accordé un entretien. "Ce n'est pas normal qu'on offre le JT, vingt minutes comme une rock star, à quelqu'un qui n'est pas coupable mais sous le coup de deux procédures dans deux pays" a conclu Tristane Banon.