Des Français toujours plus méfiants. Dans une étude Ifop pour l'application d'intelligence artificielle Flint et relayée par Franceinfo, publiée aujourd'hui, le sondage met en lumière un rapport dégradé entre les Français et les médias. Sur 1.011 personnes interrogées ressort aussi le souhait de plus de transparence et d'un meilleur accès aux sources des informations données.
À la question : "Quel sentiment éprouvez-vous à l'égard des médias ?", 55% des répondants ont cité au moins une fois la "méfiance", alors que sur 10 choix, 2 étaient possibles. On remarque notamment que les sentiments négatifs par rapport aux médias sont ceux qui marquent le plus de points.
Loin derrière la méfiance, le sentiment de colère remporte 18% des citations, suivie de près par le "dégoût" à 17%. Après le top 3, viennent des sentiments plus positifs à propos de l'information fournie par les journalistes. On note donc un certain "intérêt" (16%) et une certaine "curiosité" (15%), à égalité avec le "désintérêt", pour le monde des médias. En globalité, ce sont les sentiments négatifs qui ressortent, dominés par la "méfiance". Dans une note qui accompagne le sondage, l'Ifop fait même état d'"une marée de sentiments négatifs" contre les médias.
L'analyse de l'étude remarque aussi qu'"au-delà de différences sociales attendues", c'est la méfiance qui "s'impose au premier rang dans toutes les catégories sociales", témoignant ainsi "d'un rapport dominant, partagé, 'interclassiste' de l'opinion aux médias". Cependant, l'étude relève qu'il existe quelques différences selon la profession et l'âge, puisque 24% des jeunes, contre 11% en moyenne, ont par exemple qualifié leur sentiment vis-à-vis des médias d'"indifférent". Chez les ouvriers, 26% ont cité le "dégoût" pour parler des médias, contre 17% en moyenne.
À travers cette étude, les Français font état d'une grande difficulté à se forger leur propre avis lorsqu'ils sont confrontés aux médias. Alors que 52% des répondants ont ce sentiment, 40% explique qu'ils n'arrivent "plutôt pas" à se faire une opinion et 12% indique qu'ils n'y arrivent "pas du tout". "Cette difficulté peut sans doute être expliquée par trois constats partagés : un doute sur la véracité des informations, le sentiment d'uniformisation des médias et une impression de submersion", analyse Ifop en complément du sondage.
En effet, plus des deux tiers des Français (67%) doutent de la véracité des informations que les médias leur proposent, même lorsqu'ils sont reconnus. En conséquence, 83% des Français interrogés veulent avoir accès aux sources des informations pour pouvoir "vérifier par eux-mêmes". C'est le cas notamment pour ceux qui s'associent au Front National (88%) et au Parti Socialiste (86%). "La parole médiatique, comme la parole politique et institutionnelle, se heurte à un terrain de réception fortement sceptique", souligne le créateur du sondage.
Pour contrer ces doutes, depuis le 31 mai, France Télévisions a notamment mis en place un dispositif, du nom de "NosSources", qui permet à ses téléspectateurs d'avoir accès aux sources des journalistes lors des reportages et Journaux télévisés.
Concernant l'uniformisation des médias, 76% des Français estiment que "les médias ont de plus en plus tendance à dire la même chose et que la diversité des points de vue exprimés s'est réduite ces dernières années". 89% font aussi part de leur sentiment de "voir passer toujours les mêmes informations". Cette situation a des conséquences sur la perception de la qualité des informations, selon Ifop et cause "la perte d'intérêt pour l'information".
De même, plus de 7 Français sur 10 (73%) jugent qu'ils ressentent un trop-plein d'informations car "omniprésente(s) et surabondante(s)", estime la note d'analyse. Tous âges confondus, 52% des répondants trouvent l'information "facile à trouver", notamment chez les jeunes de 18-24 ans (66%). À l'inverse, 61% des 65 ans et plus déplorent que l'information est "difficile à trouver".
Enfin, signe du climat actuel, l'étude souligne que plus de 90% des Français sont "tout à fait d'accord" ou "plutôt d'accord" avec le fait qu'il ne soit "plus possible de débattre sans que cela ne tourne aux dialogues de sourds, voire à l'affrontement". Des chiffres que Ifop explique par "un débat public (...) trop brutal, trop polarisé et (un) manque d'apaisement". Quels que soient la catégorie professionnelle, le sexe, l'âge ou l'engagement politique, 59% de nos concitoyens avouent que l'information est "souvent" source de "déprime" et de "stress".