C'est une curieuse histoire rapportée par le blog "En quête d'emploi" du "Monde.fr". Une interview du ministre du Travail, François Rebsamen, aurait été brusquement "dépubliée" vendredi 3 octobre du site internet de "Miroir", un magazine bourguignon. L'entretien en question a ainsi été retiré du site du magazine quelques minutes après sa publication mais est cependant toujours accessible en ligne.
Il faut dire que la vraie-fausse interview du ministre PS devrait créer quelques sérieux remous. Dans son entretien, François Rebsamen affirme en effet se battre "depuis longtemps pour une vision libérale de l'économie". L'ancien maire de Dijon explique aussi vouloir "adapter notre système social" en "renforçant les contrôles, en assouplissant les seuils, la législation sur les 35 heures, en autorisant le travail le dimanche". Autant de prises de position tranchées sur des sujets explosifs à gauche. Sur les 35h, François Rebsamen prend même le contre-pied du Premier ministre, Manuel Valls, qui a rappelé lors de son récent discours de politique générale son refus de toucher à la durée légale du travail en France.
Evoquant les mesures qu'il préconie, François Rebsamen s'en prend même aux dirigeants du parti socialiste : "Le parti socialiste, ou du moins son secrétariat national refuse toutes ces avancées. Il ne veut pas casser les tabous, se pose en garant de l'ordre social établi" tacle-t-il. Le responsable politique critique aussi son prédecesseur au ministère du travail, Michel Sapin, accusé de s'être enfermé dans la promesse d'inverser la courbe du chômage mais aussi dans des commentaires mensuels sur les chiffres de l'emploi. "Ce n'est pas le bon référentiel" estime ainsi François Rebsamen, avant de tacler : "Malgré l'amitié que je porte à Michel (Sapin), il s'est totalement trompé. On ne juge pas le chômage mois par mois, mais sur des périodes plus longues : un trimestre, un semestre. Il s'est mis des boulets aux pieds et les a laissés à son successeur".
"Ce n'était pas une interview", a tenté d'expliquer ce matin sur Twitter l'attachée de presse de François Rebsamen, pour justifier le retrait du texte du site de "Miroir". LeMonde.fr a pourtant relevé que cette même attachée de presse avait auparavant retweeté l'interview litigieuse. "Le ministre a reçu les journalistes pour faire un reportage sur la vie du ministère, pas pour une interview", a assuré cette collaboratrice. Avant de donner pour preuve le fait que François Rebsamen n'avait pas relu ce vrai-faux entretien.
Du côté de la rédaction de "Miroir", le son de cloche est totalement différent. "C'est une histoire de fous", estime Jérémie Lorand, journaliste du magazine bourguignon interrogé par LeMonde.fr. "J'ai bien précisé que c'était une interview. J'ai même tout enregistré. Nous connaissons bien François Rebsamen puisqu'il était maire de Dijon, nous n'avons jamais fait relire nos interviews", raconte-t-il. Le journaliste a également expliqué avoir finalement retiré l'interview pour se montrer "conciliant" et avoir "le temps d'essayer de trouver des solutions avec le cabinet pour reformuler quelques phrases".