Après la quête de l'âme soeur, la chirurgie esthétique ou la compétition sportive, c'est désormais la guerre qui a été choisie comme thème d'une nouvelle téléréalité aux Etats-Unis. Lancée en fanfare sur la chaîne NBC lundi soir, "Stars earn Stripes" ("Des stars gagnent leurs galons") met en scène huit célébrités entraînées par équipe pour réaliser des missions "militaires". Animée par le général Wesley Clark, ancien commandant suprême des forces alliées en Europe et ancien candidat démocrate à la présidence, cette émission a été présentée par la chaîne comme un "hommage" aux forces armées américaines, qui ont perdu plus de 6.000 hommes en Irak et en Afghanistan. Un argument qui ne semble pas convaincre l'opinion.
Lundi soir, des centaines de manifestants se sont réunis devant les studios de la chaîne afin de protester contre cette nouvelle télé-réalité qui fait de la guerre "un jeu". Une pétition rassemblant près de 30.000 signatures a par ailleurs été remise à la direction de la chaîne afin de réclamer la suppression de l'émission. "C'est abominable qu'une grande chaîne de télévision présente une émission faisant de la guerre quelque chose de glamour, pendant que nos jeunes gens meurent dans de vraies guerres", a notamment déclaré Joan Wile, fondatrice de l'association des Grands-mères contre la guerre.
Outre cette pétition, ce sont désormaix plusieurs personnalités ayant été décorées par le Prix Nobel de la Paix qui se sont insurgées contre ce programme, en réclamant sa suppression. L'archevêque sud-africain Desmond Tutu, Adolfo Perez Esquivel, Rigoberta Menchu, Jody Williams, Mairead Maguire, Shirin Ebadi, Jose Ramos-Horta et Oscar Arias Sanchez ont ainsi co-signé une lettre ouverte au président de NBC Entertainment, Robert Greenblatt, dans laquelle ils accusent l'émission "d'aseptiser la guerre en l'assimilant à une compétition sportive". "La vraie guerre est infiniment mortelle. Les gens – militaires, civils – meurent d'une façon qui n'a rien de divertissant", poursuivent-ils alors que la chaîne maintient sa position : "Ce n'est pas une glorification de la guerre, mais une glorification des militaires", a-t-elle martelé.