Nouvelle présidente, nouvelle animatrice, nouveau lieu... Les Victoires de la musique 2018 seront indéniablement placées sous le signe de la nouveauté ! Le 9 février prochain, Daphné Bürki prendra les commandes de la cérémonie chargée de récompenser le meilleur de la musique française, au cours de laquelle Orelsan pourrait repartir avec pas moins de trois prix ! A quelques semaines de l'événement, puremedias.com s'est entretenu avec Natacha Krantz-Gobbi, présidente des Victoires. Elle évoque les nouveautés attendues, les changements apportés aux nominations ainsi que la place de la musique urbaine dans le paysage musical français.
Propos recueillis par Charles Decant.
Vous êtes la nouvelle présidente des Victoires. Comment est-on désigné à ce poste ?
On est désigné par un conseil d'administration qui représente toute la filière musicale.
Quand vous avez été désignée, vous vous êtes fixé une priorité pour cette édition 2018 ?
La priorité, c'était de proposer une cérémonie qui soit vraiment une émission qui reflète parfaitement la diversité de la production aujourd'hui, avec des artistes connus et des artistes en développement, un rythme particulier... Je voulais vraiment ramener du cérémonial dans l'émission, du glamour, du rythme, travailler aussi sur des surprises, des choses qui font qu'à un moment donné, on vit des choses très uniques. Il fallait la différencier d'une émission de variétés lambda. Aujourd'hui, les Victoires, c'est très important pour les artistes, et donc c'était important d'arriver à rendre cette soirée très particulière.
"Daphné Bürki, c'est une passionnée, elle travaille dur"
Plus de rythme, plus de cérémonial et plus de glamour. Ce sont ces objectifs qui ont conduit à choisir Daphné Bürki pour animer la soirée ?
Ca a été des conversations avec France 2, et on était tous sur la même longueur d'ondes. Elle travaillait là-bas et j'avais envie d'un nouveau souffle. On est dans une nouvelle salle et j'avais envie d'amener une énergie différente. Daphné a beaucoup d'énergie, elle connaît la musique, elle aime les artistes, c'est quelqu'un qui travaille très dur. C'est une passionnée, et j'ai trouvé que c'était intéressant de travailler avec elle.
Vous travaillez depuis combien de temps, justement ?
On a commencé à travailler au mois de septembre. Et le travail avec Daphné, lui, a commencé en décembre.
La soirée sera marquée par des hommages à Johnny Hallyday et France Gall, forcément. Vous pouvez déjà nous en dire un peu à ce sujet ?
Ce sont des hommages sur lesquels on travaille, et pour l'instant, ce n'est pas complètement finalisé. Ce sont des surprises, ça peut encore changer à tout moment, donc on préfère pour l'instant ne pas trop en parler. La seule chose que je peux vous dire, c'est qu'on discute de tout ça avec les familles, les proches, les maisons de disques des artistes et leur entourage. C'est un ensemble de choses : on travaille avec la chaîne, avec les artistes qui seront présents aussi et les familles, pour proposer l'hommage le plus respectueux possible et le plus joli possible.
MC Solaar est nommé dans la catégorie "meilleur album de chansons" pour son album "Géopoétique". Le rap, c'est la nouvelle variété française ?
Je dirais plutôt qu'il y a une explosion des genres. Des artistes urbains travaillent avec des artistes de variété, des artistes électro travaillent avec des artistes de chanson. Les artistes se mélangent de plus en plus. Il y a un énorme travail sur la production qui crée des rencontres artistiques très vertueuses. C'est très rafraichissant de voir tous ces nouveaux artistes arriver.
Et MC Solaar, qui lui est présent depuis plus d'une vingtaine d'années, c'est une reconnaissance du rap de le voir nommé dans cette catégorie-là ?
S'il est dans cette catégorie-là, c'est parce qu'il a été inscrit par son producteur dans cette catégorie-là. Après, quelque soit la catégorie, quand on est nommé, c'est que la reconnaissance est là.
"Le genre urbain par exemple se retrouve dans toutes les catégories"
Il y a eu deux changements aux intitulés des nominations cette année. Pourquoi ?
Dans les catégories album, j'ai fait rajouter EP, parce qu'il y a des artistes qui s'expriment aussi par des EP, et je pense que le format ne doit pas être une condition pour être nommé. Je pense qu'un EP aujourd'hui est aussi important à traiter qu'un album. Et dans la vidéo, j'ai élargi à "création audiovisuelle" au lieu de clip parce qu'aujourd'hui, ce qui compte, ce sont les visuels et vidéos qui portent un projet. Ca peut être un clip mais ça peut aussi être une série - Lacrim a fait une série. Ca peut être une session acoustique qui prend le dessus et que les fans s'accaparent. Le clip était assez réducteur aujourd'hui face aux efforts remarquables qui sont faits dans le contenu.
Il y a une explosion des genres : se dirige-t-on un jour vers des Victoires où il n'y aurait plus de catégories de genre ?
Tout est possible !
C'est excitant de travailler aujourd'hui dans la musique, de se dire que toutes ces rencontres impliquent qu'il n'y a plus de règles et qu'il faut les réécrire ?
En l'occurrence, les genres, ce ne sont pas des règles, ce sont des genres artistiques. Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, les gens sont un peu désinhibés. On n'est plus dans une caricature de genre. Le genre est là pour se rassurer un peu, mais je ne pense pas que les artistes se considèrent comme des artistes de genre. Après, c'est intéressant de multiplier les prix, et le genre le permettait. Mais on vit à une époque où le genre urbain par exemple se retrouve dans toutes les catégories.
MTV a décidé de ne plus séparer les artistes et de ne plus nommer d'un côté les hommes et de l'autre les femmes. La question s'est posée pour les Victoires ?
Non, on ne s'est pas posé la question cette année. Mais peut-être qu'on sera amené à se la poser.