Une victoire pour le dirigeant breton. Ce mardi, selon l'AFP, Mediapart a été condamné en diffamation pour un article intitulé "Comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais", écrit par Fanny Pigeaud, journaliste spécialiste de l'Afrique, en avril 2016. Son enquête pointait notamment du doigt la "collusion" entre Vincent Bolloré et le pouvoir camerounais. Selon la journaliste, deux associés camerounais avaient perdu énormément d'argent car le groupe Bolloré n'avait pas respecté une décision de la justice camerounaise, lui intimant de payer à leur société des dommages et intérêts. La filiale de Bolloré, la Socopao, avait stocké leurs marchandises, des plantes médicinales, qui avaient subi une avarie, rendant le produit invendable.
Ainsi, le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné Fanny Pigeaud à une amende de 1.500 euros avec sursis et le journaliste Edwy Plenel, en tant que directeur de publication, à une amende de 1.500 euros ferme. De plus, les deux prévenus ont été condamnés à verser solidairement 2.000 euros en dédommagement du préjudice d'image subi à chaque partie civile, Vincent Bolloré et ses entreprises Bolloré SA et SAS Bolloré Africa Logistics. Par ailleurs, le site d'information devra supprimer de son site les phrases de l'enquête incriminées sous peine d'astreintes. Sur les onze passages visés par la plainte, dix ont été considérés comme diffamatoire.
Le tribunal de Nanterre a estimé que l'article était "certes bien fondé, mais plutôt inopportun", relevant notamment "le caractère incomplet" de l'enquête qu'il a considérée "à charge" et "non contradictoire". "En tant que journaliste d'investigation, madame Pigeaud se devait d'être irréprochable dans son travail d'enquête", a déclaré la présidente du tribunal, ajoutant que les deux prévenus s'étaient montrés "de mauvaise foi".
De son côté, la journaliste Fanny Pigeaud s'était défendue lors de l'audience du 4 décembre dernier en expliquant avoir tenté de joindre en vain le groupe Bolloré et ses avocats pendant près de trois semaines. Le directeur de la publication, Edwy Plenel, a pour sa part indiqué "assumer totalement cette publication" qui "évoque une affaire emblématique de ce qui se passe sur ce continent". Il a conclu : "Le groupe Bolloré est supra-étatique en Afrique (...) Rien de ce que dit cet article n'est faux ou biaisé."