Il ne saute pas de joie. Sur le site de "L'Equipe", le journaliste football Vincent Duluc revient cette après-midi sur l'accord trouvé entre la Ligue de football professionnel et Canal+ autour des droits télévisés de la Ligue 1 et de la Ligue 2 jusqu'à la fin de la saison. De plus, la plume du quotidien sportif en profite pour charger frontalement le groupe Mediapro et "de nombreux dirigeants du football français" qui "partagent la responsabilité de cette lourde défaite financière et sociale".
"Le soulagement de sortie de crise cache, parfois, une défaite profonde : le prix de la saison 2020-2021 de Ligue 1 est revenu à ce qu'il était dix ans en arrière, une large partie du public du Championnat de France a pris l'habitude de faire autre chose, le dimanche soir, certains dirigeants de L1 ont perdu toute crédibilité, et une rédaction formidable est à la rue", débute le journaliste. Et de rendre hommage aux "salariés de la chaîne Téléfoot", qui "ont été sacrifiés par des gens sans morale, ni honneur, et dont le cynisme a peu d'équivalent".
Désormais, Vincent Duluc s'intéresse à "l'issue de la négociation sur les prochaines saisons" : "Après cet accord, qui va donner le ton des droits à venir, la nuit sera très longue pour les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 les plus fragiles. Ils auront besoin de beaucoup d'aides et de beaucoup d'imagination pour réinventer un modèle, qui ne peut être ni durable, ni vertueux quand un budget dépendant à 70% ou 80% des droits télés".
"En trouvant un accord avec la LFP, Canal+ n'a pas sauvé le football français de l'inquiétude, ni de la pression financière. Mais il a sauvé le spectacle, ce feuilleton de la Ligue 1 dont le public commençait à se séparer, lentement, mais inexorablement. Il était temps : il allait être trop tard", poursuit celui qui est également chroniqueur sur la chaîne L'Equipe. Et d'ajouter : "La LFP et les clubs ont perdu, financièrement, mais pendant que les dirigeants de Canal sont les vainqueurs peu contestables du moment - alors que leur image a été touchée en profondeur par les conditions de l'éviction de Stéphane Guy -, il est possible que nous entrions à nouveau dans une ère où le téléspectateur retrouve ses habitudes et son ancien confort". "Que son feuilleton soit concentré sur des chaînes familières et mieux visibles, la saison même où la lutte pour le titre mérite une belle lumière, est l'une des rares promesses du printemps qui arrive", conclut Vincent Duluc.