Le 11 septembre 2001, un autre monde pour la télévision. La TNT n'existe pas, seules deux chaînes d'informations émettent, diffusées sur le câble et le satellite. Mais un événement de grande ampleur bouscule les rédactions. Un "breaking news" comme ils n'en n'avaient jamais connu. Un avion s'est écrasé à 14h46 heure française sur l'une des tours jumelles du World Trade Center, à New York.
"Un accident" pense certains journalistes. "Je me souviens très bien d'une dépêche AFP reçue à la rédaction, elle parlait d'un accident, sans plus de précisions, se souvient Fabrice Angotti, JRI à i-TELE à l'époque et aujourd'hui rédacteur en chef. Puis quelques secondes plus tard, arrivent dans le nodal des images de la tour en feu. Tous les journalistes de la rédaction se massent alors autour des écrans pour observer, ébahis, ce qui se passait". Même réaction du côté de LCI, où Thierry Guerrier, aujourd'hui chef du service politique à Europe 1, était l'un des présentateurs de la chaîne. "La personne qui s'occupait des images internationales, d'un tempérament extrêmement calme, est devenue hystérique, se souvient-il. Quand j'ai vu cette image, qui était fixe au début, je me suis tout de suite souvenu de l'attentat dans les sous-sols du World Trade Center en 1993. J'ai alors compris qu'il ne s'agissait probablement pas d'un simple accident".
Puis vient très rapidement le moment de casser l'antenne. Dans un premier temps, les images en provenance des Etats-Unis sont diffusées telles quelles, avec des commentaires extrêmement prudents. Puis les premières réactions arrivent, notamment des deux envoyés spéciaux permanents de ces deux chaînes aux Etats-Unis. Celui de LCI observait depuis son bureau les tours en feu. "Le flash de 15h, soit 14 minutes après le premier avion, venait de commencer. Je suggère à Jean-Claude Dassier, directeur à la rédaction de l'époque, une édition spéciale, raconte Thierry Guerrier. Il a hurlé en me disant évidemment ! Et m'a poussé dans le studio en m'assurant que tous les journalistes étaient derrière nous. Avec toute l'équipe, on a pris l'antenne pendant 2 heures 30, découvrant en temps réel ce qui se passait aux Etats-Unis. Quand la seconde tour s'est effondrée, Dassier et Mougeotte, derrière les caméras, m'ont dit que j'étais trop prudent, qu'il ne s'agissait bien sûr pas d'un accident". A 15h30, LCI bascule sur TF1 pour une édition spéciale, interrompant ainsi son téléfilm "Le mari d'une autre". Vers 16h, la rédaction de TF1 prend l'antenne pour ne la rendre que vers 00h05.
"Je crois qu'i-TELE, toute jeune chaîne d'infos, est passée à cette occasion de l'âge ado à l'âge adulte. En plus, la rédaction avait été fusionnée avec celle de Canal + deux mois plus tôt" raconte Fabrice Angotti. Il y a 10 ans, i-TELE ne proposait pas 15-16 heures de direct comme aujourd'hui. La chaîne casse son antenne et Canal+ fait antenne commune partir de 18h30. Bruce Toussaint, épaulé de Marie Drucker et Charlotte Le Grix de la Salle tiendront le direct pendant deux heures. Si cet événement s'était produit dix ans plus tard, en 2011, LCI et i-TELE réagiraient-elles différemment ? "Non" selon Guerrier et Angotti. "La réactivité aurait été la même. On était déjà au taquet il y a dix ans. Mais on aurait probablement reçu de nombreux témoignages de l'intérieur des tours, ce qui aurait probablement accentué la dramaturgie de cet événement" explique Thierry Guerrier.