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"13 Heures" de TF1 : puremedias.com dans les coulisses de la dernière de Jean-Pierre Pernaut
Publié le 18 décembre 2020 à 18:37
Par Benjamin Meffre
Le taulier de la Une a dit adieu aujourd'hui au JT qu'il animait depuis 33 ans.
Jean-Pierre Pernaut pour son dernier "13 Heures" © Dailymotion
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"Il ne faut pas le rater ce dernier journal !", lance Jean-Pierre Pernaut, hilare. 8h45 ce vendredi 18 décembre 2020, à la Tour TF1, à Boulogne-Billancourt. Dans une grande salle balayée par un soleil d'hiver, le pilier de l'info de la première chaîne préside sa dernière conférence de rédaction après 7.000 "13 Heures". Face à lui, une trentaine de membres de la rédaction qui peinent à masquer leur émotion, à l'image de Louisa, 32 ans de maison, dont 20 comme assistante du JT de la mi-journée de la Une. "Je n'ai jamais vu autant de monde à une conférence de rédaction !", préfère ironiser Jean-Pierre Pernaut, après qu'une première standing ovation de ses briscards lui eut tirer les premières larmes de la journée.

"Je vais pleurer. Ca ne va pas le faire"

Le conducteur officiel du jour est vite expédié. "On a donc trois sujets", rigole le présentateur, bien conscient qu'on ne lui dit pas tout. Il est vrai que les chefs de rubrique déroulent une bien maigre partie actu, d'un sujet sur les vacances en Bourgogne par temps de Covid, à l'isolement d'Emmanuel Macron à la Lanterne. L'essentiel est ailleurs, jalousement tenu secret par la rédaction depuis plusieurs jours.

Sans en avoir l'air, Jean-Pierre Pernaut tente néanmoins d'en savoir plus sur ce que lui réserve ses équipes. Badin, l'angoissé de toujours s'enquiert de la présence d'un journaliste en plateau, interroge discrètement sur une transition ou un lancement. "Tu ne t'occupes plus de rien ! Sois toi-même, rigole, et ça ira très bien", rabroue gentiment Anne de Coudenhove, 15 ans de "13 Heures" au compteur, revenue spécialement pour cette der des ders. Afin de préserver l'effet de surprise pendant le journal, la journaliste a prévu un système de double oreillette, l'une pour Jean-Pierre Pernaut, l'autre pour le reste de l'équipe. "Non mais si vous me faites des choses comme ce matin (la standing ovation, ndlr), je vais pleurer. Ca ne va pas le faire", met tendrement en garde Jean-Pierre Pernaut. "On demandera à la maquilleuse de te laisser quelques mouchoirs", rétorque l'inflexible fidèle.

Jean-Pierre Pernaut à 8h30 à son bureau. A ses côtés, une pipe de Saint-Claude reçue en cadeau © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut en conférence de rédaction © Christophe CHEVALIN
Standing ovation de la rédaction du "13 Heures" © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut prend la pose © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut au maquillage avec Evelyne Dhéliat © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut et Thierry Thuillier © Christophe CHEVALIN
"J'ai la trouille", lance Jean-Pierre Pernaut avant son dernier JT © Christophe CHEVALIN
"Je voulais faire un journal qui plaise aux gens"

Juste avant sa pause clope rituelle d'après conférence de rédaction, Jean-Pierre Pernaut tient à adresser un dernier mot à ses équipes. "Merci à tous. Ca a vraiment été un bonheur pour moi. Ca me fait extrêmement plaisir de vous voir tous là", lance-t-il, ému. "Désolé aussi pour mes colères. Il y en a eu quelques unes. C'était des colères de stress, quand j'ai eu la trouille qu'on rate quelque chose. Je voulais vraiment faire un journal qui plaise aux gens. Apparemment, on ne s'est pas trop planté", se remémore-t-il. Et de se reprendre immédiatement en regardant comme toujours devant : "Il faut que cela continue. Je pense qu'on peut faire mieux, et ce dès le 4 janvier (jour du premier JT de Marie-Sophie Lacarrau, ndlr). Je le crois sincèrement". Deuxième standing ovation, et deuxièmes larmes. "Et n'oubliez pas de vous inscrire à la JPP TV pour ceux qui ne l'ont pas encore fait !" crie-t-il, comme pour reprendre le dessus.

Commence alors une longue attente jusqu'au début de l'enregistrement du "13 Heures". Déambulant dans les couloirs, Jean-Pierre Pernaut répond à un flot d'appels et de messages de congratulation en provenance de toute la France. Assailli de toutes parts, il se prête au jeu des photos, tourne une vidéo pour les correspondants régionaux du "13 Heures", répond en direct aux questions de LCI, ou verse une larme face à la déclaration d'amour d'un vieux routard du JT.

Non loin de là, les abords du plateau du "13 Heures" ressemblent déjà à une ruche. Toute l'équipe du JT s'affaire discrètement pour préparer une sortie en apothéose à son anchorman. En salle de visionnage, Anne de Coudenhove et les cadres du JT regardent les sujets d'hommage à diffuser. Ils coupent, remontent, ajustent, calent, jusqu'au dernier moment. Le meilleur des régions et du patrimoine français, si chers au coeur du présentateur, sont naturellement au programme. Sur les écrans de contrôle, un trio de paysans à bérets laisse la place à des images de Jean-Pierre Pernaut à Tchernobyl au début des années 1990, ou à New York, au lendemain du 11 septembre 2001. "Il faut trapper la séquence '7 d'or'. C'est trop long !", lance à regret un participant. "La séquence 'Manchots', c'est au cas où ! C'est si Jean-Pierre en parle", prévient un autre.

Jambon de Bayonne, gâteau basque, bérets et crécelles

Préoccupation omniprésente : le temps. Si l'antenne de TF1 a dégagé une durée exceptionnelle pour la dernière de son taulier, le "13 Heures" doit malgré tout prendre fin à 14h07 pétantes. "Je vais voir avec la programmation ce qu'on peut faire", convient néanmoins Thierry Thuillier, le grand patron de l'info de TF1, quand on lui réclame une minute supplémentaire. "Il va aussi falloir déménager ce qu'il y a dans mon bureau", annonce Anne de Coudenhove, alors que ce dernier a été transformé en espace de stockage pour les nombreux cadeaux qui attendent Jean-Pierre Pernaut : un jambon de Bayonne, un gâteau basque dont il raffole, sans oublier les traditionnels bérets et crécelles.

D'habitude déjà en week-end ce jour-là, Gilles Bouleau arrive prestement, non sans avoir rasé les murs pour ne pas croiser Jean-Pierre Pernaut dans les couloirs. Avec Anne-Claire Coudray, il doit secrètement prendre les commandes de la deuxième partie du "13 Heures", celle consacrée aux hommages. "Il se doute qu'il y a baleine sous caillou", reconnaît avec humour le présentateur du "20 Heures", non sans préciser avoir protégé toute la semaine et "même sous la torture", la surprise qu'il réserve à son "Jean-Pierre". Avec son homologue du week-end, ils répètent en urgence leurs lancements, repèrent leurs placements, même s'ils savent déjà qu'il y aura forcément une partie "de freestyle". "Il faut laisser un maximum de place à Jean-Pierre et aux séquences en plateau", rappelle le chef d'orchestre, Thierry Thuillier, en coulisses.

Anne-Claire Coudray, Jean-Pierre Pernaut, Gilles Bouleau © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut en plateau © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut lors des hommages rendus par la rédaction © Christophe CHEVALIN
Jean-Pierre Pernaut avec sa successeur, Marie-Sophie Lacarrau © Christophe CHEVALIN
Dompter son émotion

Tandis que la venue de la famille de Jean-Pierre Pernaut s'organise discrètement, Rose et Rosine attendent une dernière fois le présentateur dans la petite "salle de frappe". C'est ici que le présentateur officiant sans prompteur dicte les fiches sur lesquelles il s'appuiera pour ses rares lancements du jour. Après une nouvelle clope et une ultime tentative infructueuse d'en savoir plus sur ce qui se trame, Jean-Pierre Pernaut part finalement au maquillage, tandis que la salle faisant face au studio d'enregistrement se remplit doucement. Gilles Pélisson, PDG du groupe, est là, tout comme Ara Aprikian, directeur des contenus de TF1. Evelyne Dhéliat, la présentatrice météo qui a accueilli Jean-Pierre Pernaut à ses débuts à TF1, est aussi de la partie.

Alors qu'il a pour habitude d'entrer sur le plateau quelques minutes seulement avant le début du JT, Jean-Pierre Pernaut y pénètre pour sa dernière près de 20 minutes avant le top départ, comme s'il lui fallait un sas de décompression. Sous le regard de la vingtaine de personnes masquées réunies derrière la grande vitre qui sépare le studio des bureaux, Jean-Pierre Pernaut fait le clown, mimant un arrêt cardiaque, saluant ses fidèles d'un geste de la main, ou plaisantant avec les techniciens. Après un début de JT relativement classique, il n'aura de cesse de tenter hors antenne de dompter son émotion, multipliant les grandes respirations ou s'éventant avec ses fiches.

A LIRE AUSSI l "13 Heures" de TF1 : Emu aux larmes, Jean-Pierre Pernaut fait ses adieux et accueille Marie-Sophie Lacarrau

Le dernier "artisan de la télé"

Après près d'une heure d'hommage en plateau, le journaliste rend finalement l'antenne... à 14h22, donnant immédiatement l'accolade Marie-Sophie Lacarrau, à qui il n'aura cessé de rendre hommage tout au long de cette matinée si particulière. A sa sortie du bocal, Jean-Pierre Pernaut est accueilli par une pluie d'applaudissements, agents de sécurité compris. Fendant la foule entouré de ses plus jeunes enfants, le journaliste salue et remercie une dernière fois ses équipes et la direction de TF1. "C'est beaucoup de fierté d'avoir décidé d'arrêter à un moment où le journal va bien. La machine est lancée à pleine vitesse. Il ne faut plus que mettre du charbon dedans", glisse-t-il en regardant Marie-Sophie Lacarrau. Les "Jean-Pierre ! Jean-Pierre !" fusent.

"C'est un monument qui s'en va. Pour moi, c'était un référent et une référence. C'était un type qui savait nous sauver la mise, tenir l'antenne comme personne en cas d'imprévu, nous engueuler quand il le fallait, nous faire nous dépasser, être casse-pieds, nous faire regarder devant, ou tout simplement nous dire merci. C'est rare dans ce milieu", commente, ému lui aussi, Laurent Hauben, 33 ans de "13 Heures" au compteur. Et d'ajouter : "C'est une star mais il ne s'est jamais pris pour une star. C'était un artisan de la télé. Sans doute le dernier".

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