La journée d'hier n'a pas été de tout repos pour les journalistes mobilisés au coeur de "l'acte IV" des manifestations des Gilets jaunes. Si les violences matérielles ont été globalement contenues à Paris, les rues de certains quartiers de la capitale ont été le théâtre de nouvelles tensions entre manifestants et forces de l'ordre. Au milieu de cet affrontement, des journalistes, dont la plupart avaient pourtant pris des dispositions spécifiques, ont été pris pour cible. Ainsi, "Le Parisien" a rapporté hier que deux de ses photographes avaient été touchés par des tirs de lanceurs de balles automatiques sur les Champs-Elysées.
"Très en colère, j'ai enlevé toutes mes protections et je suis allé lui dire qu'il venait de me tirer dans le dos à bout portant dans la nuque... Je pense qu'il a eu peur de m'avoir tué car je suis tombé au sol pendant quelques secondes. Il m'a dit 'Désolé je visais quelqu'un d'autre'", a témoigné l'un de ses photographes auprès de son journal. Boris Kharlamoff, un journaliste de l'agence de presse audio A2PRL, a également rapporté sur Twitter avoir été victime d'un tir des forces de l'ordre. Le journaliste a précisé avoir été touché alors qu'il avait son "brassard de presse en évidence".
De son côté, "Le Journal du dimanche" fait savoir qu'Eric Dessons, l'un de ses photographes, "a été frappé à deux reprises par un CRS lors d'une échauffourée entre forces de l'ordre et gilets jaunes". Le journal, qui réclame des explications à la préfecture de police de Paris, a précisé qu'il avait été "transporté par les pompiers puis opéré dans l'après-midi". Selon un confrère présent à ce moment-là, le photographe avait, là encore, son brassard presse en évidence. Toujours à Paris, Paul Conge, reporter pour Explicite, a rapporté que le photographe présent à ses côtés a été victime d'un tir de flashball dans la cuisse. Le reporter a également témoigné avoir été victime d'un tir de flashball dans le dos. Lucas Léger, reporter pour RT France, a, lui, affirmé avoir été blessé à la joue par un "tir de la police".
En province, au Puy-en-Velay, un photographe de l'AFP a affirmé avoir été touché au bras par un tir tendu de grenade lacrymogène alors qu'il s'avançait, seul, vers un cordon des forces de l'ordre. Par ailleurs, des reporters ont affirmé avoir été pris en partie par des casseurs et des manifestants. À Paris et en province, plusieurs journalistes se sont aussi vus confisquer du matériel de protection par les forces de l'ordre. "Casques et masques de protection volés par les CRS parce que je prenais une photo" s'est ainsi offusquée la photographe de guerre Véronique de Viguerie sur son compte Twitter.