"L'affaire Copé" serait-elle en train de semer la zizanie au sein de la presse ? C'est en tout cas ce que laisse penser un article publié cet après-midi sur le site LePoint.fr. Intitulé "L'avocat de Buisson défend Copé dans 'Le Figaro' !", il critique directement un autre papier paru dans la matinée sur le site internet du "Figaro".
Le Point vise en fait une tribune de l'avocat Gilles-William Goldnadel publiée sur "FigaroVox", la plate-forme de débats lancée récemment par "Le Figaro.fr", et intitulée "Affaire Copé-Bygmalion : l'analyse du dossier"*. Dans son texte, cet avocat affirme notamment qu'il "n'a pas été convaincu" par le dossier du "Point" sur Jean-François Copé paru jeudi dernier. Mais selon Le Point, la prise de position de Gilles-William Goldnadel dans cette affaire n'a rien d'innocente.
"Parmi les 56.000 avocats exerçant en France (dont 23.000 à Paris), Le Figaro s'est finalement résigné à demander les lumières de Gilles-William Goldnadel, conseil de Patrick Buisson..." explique ainsi l'hebdomadaire. Et le journal détenu par François Pinault de railler : "Incroyable, mais vrai ! Un avocat qui, il y a trois semaines, avait annoncé haut et fort (...) que son client déposerait plainte contre Le Point à la suite de nos révélations sur ce conseiller de l'ombre de l'ex-président Sarkozy (Patrick Buisson, ndlr), qui enregistrait les conversations sensibles qu'il a eues avec lui à l'Élysée. Un modèle d'analyse juridique, on s'en doute...".
Réagissant un peu plus tôt dans l'après-midi à la conférence de presse de Jean-François Copé, le patron du Point, Etienne Gernelle, avait déjà adressé quelques piques à ses confrères du "Figaro". Interrogé dans "La Nouvelle édition" sur les aides d'Etat que reçoit annuellement son journal, Etienne Gernelle avait ainsi lancé : "Il y a une aide à la poste de 4,6 millions d'euros. On est le journal qui en touche le moins. Le Figaro qui défend beaucoup Jean-François Copé touche le triple". Raillé un peu plus tard pour les Unes régulières du Point sur les Francs-maçons, le nouveau directeur de la rédaction du Point avait de nouveau taclé : "Ça fait très très longtemps qu'on a pas fait ça dans Le Point, c'est le Figaro Magazine qui l'a fait la semaine dernière". Ambiance.
Mis à part ce petit conflit "Le Point" - "Le Figaro", l'affaire Copé semble plutôt avoir resserré les rangs au sein de la presse française. Très attaqués ce matin par Jean-François Copé lors de sa conférence de presse, plusieurs journaux ont ainsi vivement réagi. "Jean-François Copé agite un leurre pour détourner l'attention de ses difficultés, en laissant entendre que les journalistes sont tous suspects, tous pourris" a ainsi décrypté pour l'AFP Renaud Dély, directeur de la rédaction du "Nouvel Obs". "C'est une dérive populiste que de jeter l'opprobre sur l'ensemble des partis et des médias", a-t-il ajouté.
"C'est une diversion scandaleuse (...) Il veut faire des journalistes des boucs émissaires" a pour sa part commenté le patron de "Médiapart", Edwy Plenel. "C'est un coup politique" a enfin expliqué à l'AFP Dominique Pradalié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ). "Les journalistes sont une cible qu'ils veut désigner au public, c'est ridicule" a-t-il conclu.
*Pendant la rédaction de cet article, la tribune de Gilles William Goldnadel a été retitrée par "Le Figaro" : "Affaire Copé-Bygmalion : le plaidoyer de Goldnadel" au lieu de "Affaire Copé-Bygmalion : l'analyse du dossier".