Vincent Lindon rédacteur en chef d'un soir. Hier, le comédien à l'affiche des "Chevaliers blancs" de Joachim Lafosse, demain en salles, était l'invité spécial d'Anne-Sophie Lapix dans "C à vous" sur France 5. L'acteur était donc présent du début à la fin de l'émission et s'est exprimé sur tous les sujets, qu'ils concernent le cinéma, l'actualité ou la politique, ou même qu'il s'agisse des chroniques. Ainsi, le parallèle effectué par Maxime Switek entre le pacte contre le chômage de François Hollande avec les mesures de Raymond Barre en 1977 a fortement déplu à l'invité.
"Je ne suis pas du tout d'accord avec ça. Il y a des problèmes, ils font ce qu'ils peuvent. Ils pourraient faire plus, ils ne se débrouillent pas toujours très bien. Je suis d'accord pour les attaquer. Mais singer comme ça et montrer qu'entre 77 et aujourd'hui on n'a pas avancé d'un mètre, il y a des gens qui nous écoutent et, en fait, c'est leur dire encore plus 'Ce sont des guignols, ça ne sert à rien, arrêtez de voter, vous avez bien vu qu'on vous prend pour des imbéciles' et ce n'est pas bon", a dénoncé Vincent Lindon, invité à donner son avis sur le magnéto.
Pour le comédien, "à force de singer ces gens, de ne pas les respecter, qu'ils soient bons ou pas bons, on familiarise, on dégrade l'homme politique, on s'en amuse de plus en plus". Et selon lui, "on n'est pas obligé de tout dire et de tout raconter". Piqué au vif, Maxime Switek a défendu sa chronique, assurant de nouveau que les mesures étaient identiques entre 1977 et 2016. "Ne vous inquiétez pas, quelqu'un le dira. Mais là ça devient presque un sketch et on frappe moins fort, on est moins efficace quand on se moque des gens qui sont à la tête de l'Etat, qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas", a estimé Vincent Lindon.
"C'est mieux de l'écrire, c'est mieux de le lire dans un journal sérieux mais en en rigolant, en fait, on ne les respecte pas. C'est comme demander à un acteur de mettre un chapeau de pâtissier pour un faire un plat", a poursuivi celui qui, déjà la semaine dernière, critiquait la participation de Manuel Valls à "On n'est pas couché". "On peut le dire mais le montrer comme ça en image, je trouve que c'est une peopolisation et une familiarisation", a surenchéri Vincent Lindon, avant d'affirmer ne pas attaquer Maxime Switek.
"Vous n'êtes pas le premier à le faire mais ça fait vingt ans qu'on titille tout le monde dans toutes les émissions, on aime bien chercher la chicane. Je trouve ça dommage. On pourrait s'exprimer beaucoup plus simplement, tranquillement, poser des questions et dire tout simplement 'On a remarqué que Raymond Barre, en 77, et François Hollande...'. C'est juste ça que je dis : c'est la forme, le fond est totalement vrai. Tout est vrai et c'est accablant, triste et très emmerdant", a continué l'acteur, estimant que ce genre de sujet pouvait inciter les gens à se tourner vers les extrêmes.
"Il y a des gens chez eux qui doivent faire 'Oh la la...'. Ca envoie tout de suite au cerveau un truc 'Pff, mais ils nous prennent vraiment pour des imbéciles' et ça donne envie ou de ne pas aller voter ou de ne pas voter comme il faut et on va dans les extrêmes parce qu'on se dit 'De toute façon, ça ne sert à rien, on ne m'écoute pas'. Alors que non, les hommes politiques écoutent les gens. Ils les écoutent mal, ils se débrouillent mal mais ils travaillent. Ce sont des gens qui se lèvent à 6h le matin et qui se couchent à minuit. Il ne faut pas se raconter des blagues non plus. Quels qu'ils soient, ils travaillent. Pas très bien mais ils travaillent", a conclu Vincent Lindon, terminant son coup de gueule par un "On n'est pas aidé avec eux mais ils ne sont pas aidés avec nous". puremedias.com vous propose de découvrir cette séquence.