Elise Lucet l'a annoncé : "Cash investigation" reviendra prochainement en prime time avec une enquête sur les dysfonctionnements des Ehpad privés, ces établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes déjà au coeur du livre-enquête "Les fossoyeurs", publié en janvier par le journaliste indépendant Victor Castanet.
"L'équipe de 'Cash investigation' se concentre sur l'enquête en cours depuis plus d'un an sur les Ehpad privés. Après 'Les fossoyeurs', attendez vous à de nouvelles révélations sur France 2", a tweeté la journaliste, jeudi 3 février, pour justifier la déprogrammation de l'émission du mercredi 16 février, initialement consacrée à McDonald's. "On souhaite terminer le reportage le plus vite possible. La diffusion va être dans les semaines qui viennent", a confirmé, ce vendredi 4 février, à l'AFP Emmanuel Gagnier, rédacteur en chef de "Cash investigation".
Au-delà de l'impact en termes d'image que pourrait provoquer cette enquête, l'annonce par la présentatrice de "Cash investigation" de "nouvelles révélations" sur les maltraitances subies par les personnes âgées dépendantes dans les Ehpad privés a provoqué, ce vendredi 4 février, la dégringolade à la Bourse de Paris des actions des groupes de maisons de retraite Korian et Orpea. Le titre Orpea, qui a chuté d'environ 60% depuis sa mise en cause dans un livre dénonçant de graves défaillances dans ses établissements, a fini vendredi 4 février en forte chute de 12,44% à 33,71 euros, dans un marché en baisse de 0,77%. Pire encore, l'action Korian dévissait de 16,81% à 17,57 euros à la clôture.
Selon "Le Parisien", ce numéro axé sur les dérives des groupes Korian et DomusVi ne sera pas prêt avant début mars. D'ici là, Elise Lucet ne désespère pas, malgré des relances infructueuses ces derniers mois, de décrocher une interview des directions de ces deux groupes. A ce niveau-là, son tweet semble avoir provoqué son petit effet. Dans un courrier adressé au rédacteur en chef de l'émission et transmis à l'AFP, Korian a indiqué, ce vendredi, que sa directrice générale Sophie Boissard "était prête à donner suite" à la demande d'interview de l'émission, "à condition qu'il s'agisse d'une discussion équitable" et que ses propos ne soient pas "trahis, montés et donc déformés". Le groupe a exigé un entretien "en direct et en plateau".
Une condition qui en rappelle une autre. Sollicité par "Cash investigation" le mois dernier pour une enquête sur le système de santé français, le ministre de la Santé, Olivier Véran, pas contre le principe d'une interview, avait lui aussi exigé qu'elle se déroule en direct. Elise Lucet s'y était opposée. "Je trouve que demander à un journaliste et à un patron d'émission de faire du direct alors qu'il n'y a pas de direct dans l'émission, que ce n'est pas jouable et que ça entraînerait des dépenses de dingue de monter un direct, ce n'est pas possible", s'était-elle expliqué sur Europe 1. Le rédacteur en chef a également rejeté les conditions fixées par Korian pour un entretien. "On a déjà répondu à Olivier Véran qu'il n'y avait pas de direct, je ne pense pas que Korian soit au dessus d'un ministre", a-t-il relevé auprès de l'AFP.
Dans son courrier, Korian accompagne sa demande d'une accusation à l'endroit de la journaliste en charge de l'enquête. "Vous conviendrez que le fait qu'une de vos journalistes se soit introduite dans l'un de nos établissements en se faisant passer pour la parente d'un résident décédé, en pleine crise du Covid-19, au mépris des règles de déontologie journalistiques (...) et de protection sanitaire, ne plaide pas pour installer un climat de confiance entre nous", a fait valoir la direction de la communication de Korian. "Il n'y a jamais eu violation du protocole sanitaire de la part de nos équipes, je réfute cette accusation grave", a assuré Emmanuel Gagnier à l'AFP.