La contre-attaque n'a pas tardé. Mis en cause mardi soir sur France 2 dans un numéro de "Cash investigation" dédié aux Ehpad, le groupe Korian a répliqué dans un long communiqué envoyé aux rédactions en toute fin de soirée. Un communiqué qui faisait suite à l'intervention de Sophie Boissard, directrice générale du leader européen des maisons de retraite.
Celle-ci, qui a refusé d'apparaître dans le reportage, a accepté le principe d'une interview en plateau face à Elise Lucet, dans les conditions du direct. L'échange a été pour le moins tendu, avec une Sophie Boissard revendiquant sa présence pour "défendre la réputation d'une entreprise et de toute une communauté qui se sent gravement mise en cause dans ce reportage". Un reportage qui a demandé un an et demi d'enquête de la part des équipes de France 2.
Et le communiqué envoyé par Korian est du même acabit. "Cette émission contient des allégations trompeuses ou inexactes à l'encontre de l'activité maisons de retraite de Korian en France", peut-on lire dès les premières lignes. Parmi les griefs exposés, figure la séquence en caméra cachée tournée par une journaliste de "Cash" embauchée en tant qu'auxiliaire de vie dans un des établissements du groupe. La professionnelle infiltrée s'est étonnée de se retrouver dès le premier jour sur le planning des aides-soignantes, sans aucune qualification pour exercer ce métier. Il lui a même été demandé d'administrer des médicaments, une pratique très encadrée en temps normal.
"Cet établissement connaissait alors une pénurie temporaire de personnel, compte tenu du déclenchement de la seconde vague de Covid, et avait dû faire face au décès brutal de sa directrice quelques semaines auparavant", tient à préciser Korian, qui "condamne le recours à de tels procédés (de l'émission, ndlr), particulièrement déloyaux et irresponsables dans ce contexte".
Le spécialiste des Ehpad reconnaît en substance : "Dans le contexte d'urgence que connaissait l'établissement, qui recherchait des renforts extérieurs en pleine résurgence de la pandémie de Covid, les équipes locales n'ont pas vérifié les références présentées avant l'embauche. Mme Maurice n'a travaillé que trois jours dans cet établissement".
Mais Korian souligne que la nouvelle directrice de la maison de retraite a identifié "des défaillances dans le circuit d'administration du médicament". Et d'ajouter : "Des mesures correctrices, assorties de sanctions, allant jusqu'à un licenciement pour faute, ont donc été prises". Le groupe dirigé par Sophie Boissard a par ailleurs porté plainte pour escroquerie contre la journaliste de "Cash investigation", comme Elise Lucet n'a pas manqué de le rappeler hier soir en fin d'interview.
Korian dément aussi les arguments avancés dans le reportage par un ancien directeur d'un EHPAD appartenant au groupe : les "objectifs très importants de progression de marge opérationnelle qui lui auraient été impartis pour l'établissement qu'il dirigeait alors entre 2013 et 2016 ne correspondent pas aux résultats de cet établissement, dont la marge opérationnelle est restée stable sur ces quatre exercices".