Le fond et la forme. Depuis sa création, "Cash investigation" s'est démarqué des autres magazines d'information par son ton inédit et sa capacité à aller à la rencontre des plus hauts dirigeants, même si ceux-ci ne répondaient pas à leurs demandes d'entretiens. Le mardi 13 mars, le magazine présenté par Elise Lucet reviendra en prime time sur France 2 pour un nouveau numéro consacré au marché de l'eau en France, intitulé "L'eau, scandale dans nos tuyaux".
Et selon le "Journal du dimanche" qui rapporte l'information ce matin, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap) a porté plainte contre X à la fin du mois dernier pour "violation de domicile privé". Selon l'hebdomadaire, cette plainte vise "Cash investigation", dont les équipes se sont rendues avec Elise Lucet le 14 février dernier dans le hall du siège de l'entreprise à Paris, où devait se tenir un conseil d'administration. La réunion ayant été annulée, les équipes de France 2 sont restées dans le hall où elles ont distribué pendant environ une heure au personnel présent un tract contenant un questionnaire.
La plainte déposée décrit une "impressionnante irruption en force d'une équipe d'une dizaine de personnes, caméras ouvertes" et la distribution d'un questionnaire "quasi policier". Cette plainte qualifie l'ensemble de ces éléments de "singulières méthodes journalistiques de recueil d'information". Cela constituerait selon les plaignants une voie de fait et une contrainte passible d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende.
De son côté, la société de production de "Cash investigation", Premières Lignes, s'inscrit en faux face à ces accusations et dénonce une manoeuvre d'intimidation. "Je m'étonne d'une plainte contre un sujet qui n'est pas encore diffusé et y vois un cran de plus dans une forme d'intimidation", explique un responsable, qui rappelle que des demandes d'entretiens et d'autorisations de tournage ont été formulées à plusieurs reprises auprès de la Siaap, sans succès. "Ces épisodes d'intrusion forcée, une des marques de fabrique de l'émission, sont de plus en plus rares", observe le "Journal du dimanche", qui souligne que, pour la première fois, "ce sont les conditions du tournage qui sont à l'origine de la plainte et non son contenu".