Quand s'arrêtera la polémique ? Après la parution de la Une de "Charlie Hebdo" moquant le site "Mediapart" pour son silence autour de l'affaire de viol dont est accusé Tariq Ramadan, les deux médias sont engagés dans une querelle à distance. Chacun semble déterminé à vouloir avoir le dernier mot. Ce matin, "Charlie Hebdo" a de nouveau réagi, cette fois sur sa page Facebook.
Fabrice Nicolino, membre de la rédaction, a publié un billet intitulé "A-t-on le droit d'être un salaud ?". "Edwy Plenel, patron de Mediapart, n'est pas content", écrit le journaliste en introduction, avant de confier son envie de "dégueuler" face à la réponse de la rédaction du média en ligne. "Que Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart, trouve dans un tweet le dessin de Coco abject fait seulement rire. Si ce dessin est abject, quel mot employer pour parler des choses abjectes ?", s'interroge Fabrice Nicolino, se disant prêt à un affrontement en "face à face" avec le responsable des enquêtes de "Mediapart".
Mais le journaliste de "Charlie" estime autrement plus grave le tweet d'Edwy Plenel dans lequel il qualifie la fameuse Une d'"affiche rouge", une référence explicite à la Seconde Guerre mondiale. "On ne pensait pas le voir s'emparer de l'Affiche rouge des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans / Main d'oeuvre immigrée) de 1944, jeunes résistants étrangers, juifs pour la plupart, exécutés par les nazis", rappelle Fabrice Nicolino.
Il reproche au fondateur de "Mediapart" de vouloir inverser les rôles. "Au passage, n'oublierait-il pas que c'est l'équipe de Charlie qui a été pulvérisée au matin du 7 janvier 2015, et pas lui ?", écrit le journaliste, avant d'estimer que "Plenel n'est pas dans la seule sottise, il est dans l'obstination". Et Fabrice Nicolino d'enfoncer le clou : "le drame atroce du pauvre Plenel est qu'il tient manifestement l'époque trop petite pour ses ailes de géant. Le monsieur pose une question importante : a-t-on bien le droit d'être un salaud ?". Dans ce même billet, Fabrice Nicolino promet une réponse sur le fond à "Mediapart" "dès le prochain Charlie".
Dans la foulée des tweets incriminés, "Mediapart" avait publié une tribune mardi pour réagir sur le fond. "'Mediapart' n'a jamais eu connaissance de la moindre accusation de harcèlement, d'agression sexuelle, ni de viol", rappelait à cette occasion le pure player, malgré une longue enquête consacrée à Tariq Ramadan en 2016.