Ce mardi, "Mediapart" réagit dans une tribune sur son site à la dernière Une de "Charlie Hebdo", qui sera dans les kiosques demain. Actuellement visé par des menaces de mort après la couverture sur Tariq Ramadan, le journal satirique s'est attaqué à la plateforme d'Edwy Plenel. Parodiant les "singes de la sagesse", le magazine a caricaturé le patron de "Mediapart", dénonçant ainsi la cécité, la surdité et le mutisme supposés du créateur du média en ligne à l'égard de Tariq Ramadan. "Affaire Ramadan : Médiapart révèle : on ne savait pas !", a d'ailleurs titré l'hebdomadaire.
En premier lieu, la rédaction de "Médiapart" tient à condamner les menaces de mort faites "à l'encontre de n'importe quel journal", notamment contre "un hebdomadaire dont une partie de la rédaction a été assassinée par des tueurs prétendant agir par vengeance" contre la parution de caricatures de Mahomet. Ainsi, les journalistes du site internet "affirment leur soutien sans faille" et "renouvellent leur solidarité" à l'égard de l'équipe de "Charlie Hebdo".
"La liberté de la presse et la liberté d'expression par les caricatures ne sont pas négociables. C'est le coeur de notre démocratie. Tout doit avoir le droit de se dire, de s'écrire et de se représenter, dans le respect de la dignité des personnes concernées", a poursuivi la tribune de "Mediapart", précisant toutefois que "cette liberté nous engage, journalistes et caricaturistes. Elle ne nous donne pas licence pour désinformer et calomnier."
Au sujet de la Une satirique de "Charlie Hebdo" sur Edwy Plenel, la rédaction de "Mediapart" souligne que "c'est une caricature" et qu'elle a "le droit d'être publiée". "Mais ce qu'elle affirme est faux et infamant. (...) 'Mediapart' n'a jamais eu connaissance de la moindre accusation de harcèlement, d'agression sexuelle, ni de viol. Si cela avait été le cas, nous aurions bien sûr enquêté à leur sujet", se justifie le média en ligne, qui a précisé avoir longuement enquêté sur Tariq Ramadan dans une série d'articles en avril 2016.
Selon "Mediapart", les journalistes du site "n'avaient pas ces éléments" en leur possession l'année dernière et leurs témoignages ou documents sont jugés "suffisamment sérieux pour être crédibles". Enfin, la tribune conclut qu'il serait "dramatique" que la libération de la parole des femmes victimes se transforme en "simple Affaire Ramadan" ou "affaire Mediapart". "La lutte contre les violences sexistes, machistes et sexuelles vaut mieux que les règlements de comptes entre journaux séparés par des désaccords éditoriaux", termine le texte.