"Charlie Hebdo" à nouveau la cible de menaces de mort. Depuis ce mercredi 1er novembre et la publication de sa Une représentant l'islamologue Tariq Ramadan - accusé notamment de viols - en érection, le journal satirique est l'objet de violentes insultes et de nouvelles menaces de mort, notamment sur les réseaux sociaux. Parmi les messages repérés sur Twitter, notamment par nos confrères de "Marianne" : "Moi fiché S ou pas, 'Charlie Hebdo' ça va vite s'arrêter", "C'est pour quand le prochain attentat chez 'Charlie Hebd'o s'il vous plaît ?" ou encore "Ils méritent un deuxième round 'Charlie Hebdo' de mes couilles, ça ne leur a pas suffit".
Ces appels au meurtre, publics, ne sont pas passés inaperçus. Dans la foulée, en soutien au journal satirique, de nombreuses personnalités ont partagé ce week-end la Une du journal, certains revendiquant pour l'occasion être "toujours Charlie". Il faut dire que l'histoire récente du journal, victime d'une attaque terroriste ayant décimé ses rangs le 7 janvier 2015, et d'une attaque de ses locaux au cocktail molotov en 2011, invite à percevoir ces menaces avec une vigilance toute particulière.
Ce matin, Riss, directeur de la publication de "Charlie Hebdo", et rescapé de la tuerie du 7 janvier, était l'invité de Patrick Cohen dans la matinale d'Europe 1 pour évoquer ces menaces. Celles-ci n'ont "jamais vraiment cessé", a-t-il indiqué avant de reconnaître qu'il y a parfois des pics où le journal reçoit des "menaces de mort explicites sur les réseaux sociaux". "Par principe, on prend ces menaces au sérieux et on dépose plainte" a-t-il ensuite indiqué.
Mais pour le directeur de la publication du journal, "au-delà du sérieux de ces menaces de mort", c'est le "climat" qui est inquiétant. "On n'accepte pas d'être traités de cette manière-là. Il y a quand même une ligne rouge à ne pas franchir", estime-t-il, ajoutant que "si on peut dire ce que l'on veut sur Charlie Hebdo, menacer de mort quelqu'un n'est ni autorisé dans la rue, ni dans un journal".
Interrogé sur le contenu de la Une qui a suscité ces appels à la haine et sur la référence explicite à l'islam, Riss estime que "le problème, c'est Monsieur Ramadan", qui bénéficie "d'une certaine sympathie ou complaisance". "Le sixième pilier de l'islam, c'est le djihad, et il y a uniquement les islamistes qui en tiennent compte. Les musulmans modérés se limitent aux cinq", explique par ailleurs le dessinateur. "C'est quand même étonnant qu'après tout ce qu'il s'est passé ces dernières années en France, il y ait encore de tels appels à la haine, au meurtre", s'inquiète-t-il ensuite, estimant que l'appel au meurtre "s'est banalisé" dans le pays.