C'est un numéro particulier d'"On n'est pas couché" - enregistré jeudi soir - que proposera Laurent Ruquier ce samedi, à 23h15, sur France 2. L'animateur fera une grande place à la triste actualité de ces derniers jours et à l'attentat survenu au siège de "Charlie Hebdo" et qui a fait 12 morts mercredi matin. En plus de Patrick Timsit, Mélanie Thierry, Stanley Weber et Philippe Besson, Laurent Ruquier a ainsi accueilli le dessinateur Philippe Geluck ainsi que l'urgentiste et collaborateur de "Charlie Hebdo", Patrick Pelloux.
Au cours de la soirée, Nicolas Bedos devait intervenir pour un sketch. Mais le comédien a préféré annuler à la dernière minute, comme il l'explique à nos confrères du Monde. "Depuis le jour du drame, j'étais partagé entre l'envie de faire place au silence afin de laisser l'émotion nous envahir et celle d'honorer la mémoire de mes camarades Wolinski, Cabu et Tignous. Ils n'auraient pas aimé que l'on se censure, que l'on freine le combat de l'impertinence et que leur mort installe une atmosphère de solennité", raconte-t-il.
"Jeudi, lors de l'enregistrement, je m'étais grimé en Houellebecq. Je m'apprêtais à faire une satire de sa posture d'artiste dispensé d'affect et d'opinion personnelle... Et puis le malaise, le sentiment d'indécence médiatique, se sont emparés de moi. Je me suis dit 'ta gueule', je me suis levé et je suis parti", poursuit Nicolas Bedos qui dit regretter aujourd'hui d'avoir annulé. "Je regrette ce réflexe car je reste convaincu que le plus bel hommage qu'on puisse rendre à Charlie, c'est de continuer le boulot. Parce que rire, se moquer, c'est résister, c'est vivre. Il ne faut pas étouffer le nez de clown sous un mouchoir blanc", déclare l'humoriste.
Par ailleurs, Nicolas Bedos craint la fin de l'impertinence et de la provocation, déjà en cours selon lui. "Demain, ils vont nous censurer au nom de notre propre intégrité physique. Si la semaine prochaine, je me fous de la gueule des islamistes radicaux chez Ruquier, il est possible que je sois censuré par ma chaîne parce qu'elle craindra, à raison, que le plateau soit infiltré par trois tarés tirant à vue. La censure sera défensive", explique celui qui juge qu'"il y a trop d'interdits en France". "Pour que Charb, Cabu et les autres ne soient pas morts pour rien, laissez-nous l'ouvrir et risquer notre peau. Quitte à ce qu'on ne puisse plus aller pisser sans être accompagnés par trois agents de sécurité. Si l'on n'est pas suicidaire, il ne faut pas faire ce métier", conclut-il.