La parole se libère. Nicolas Bedos sera jugé pour "agression sexuelle en état d'ivresse" en février 2024 après le dépôt d'une plainte par une femme de 25 ans, apprenait-on le 22 juin dernier. Près d'un mois après la publicisation de ces faits, pour lesquels l'humoriste est présumé innocent, "Mediapart" a révélé que le réalisateur est, en parallèle, visé par une enquête préliminaire pour "viol" et "agression sexuelle". Le parquet de Paris a déclenché, le 5 juillet 2023, une procédure pour "viol et agression sexuelle" et deux autres pour "agression sexuelle" à la suite de témoignages de plusieurs femmes auxquelles "Mediapart" a tendu le micro.
La plupart d'entre elles, plaignantes ou non, ont décidé de témoigner après que Nicolas Bedos a parlé devant les enquêteurs de geste "accidentel" s'agissant des faits qui lui sont reprochés dans la plainte du 12 juin dernier. Pour rappel, l'humoriste est accusé dans ce dossier d'avoir "tendu sa main (...) au niveau de (la) culotte" d'une jeune femme de 25 ans qui a témoigné auprès des policiers du commissariat du centre de Paris.
Lorsqu'elle a pris connaissance de la stratégie de défense du comédien, le sang de l'une des nouvelles plaignantes, appelée Chloé dans l'enquête de "Mediapart", n'a fait qu'un tour. Elle est "allée témoigner pour dire que ce n'est certainement pas un accident" et raconter son histoire datant de 1999.
"Il m'a agressée sexuellement et physiquement dans des circonstances de travail et d'amitié", décrit-elle dans son signalement, consulté par "Mediapart" et transmis à la procureure de la République de Paris. "Toutes ces années, j'ai espéré qu'une femme plus courageuse que moi porte plainte, il semble que cela soit arrivé".
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Alors chargé de repérer des auteurs pour Canal+, en tant que conseiller au sein de la cellule "Canal+ idées", Nicolas Bedos invite Chloé au domicile de ses parents, à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. "Il m'a attrapée à la gorge, plaquée contre le mur et m'a dit : 'Tu te prends pour qui, t'es pas Catherine Deneuve !'", se souvient-elle au moment où elle a tenté de quitter les lieux. Nicolas Bedos l'aurait ensuite violée alors que Chloé, âgée de 50 ans aujourd'hui, avait "super peur".
Le deuxième des quatre témoignages recueillis par "Médiapart" est celui de Marion, une amie que Chloé et Nicolas Bedos ont en commun. Marion explique qu'en août 2017, Nicolas Bedos aurait eu "à (son) égard un comportement déplacé et violent" alors que le réalisateur l'avait invitée dans la maison louée pour l'été avec sa compagne de l'époque.
Présumé innocent là aussi, Nicolas Bedos aurait "essayé de (l')embrasser de force" dans une pièce où elle se trouvait "seule avec lui". "Et ce jour-là, j'ai eu peur de celui que je considérais comme un ami", conclut-elle dans son courrier transmis au parquet de Paris.
Dans son enquête étayée, à laquelle Nicolas Bedos a refusé de répondre, "Mediapart" donne voix au chapitre à d'autres témoignages de femmes, "qui n'ont, eux, fait l'objet d'aucune plainte ou signalement, mais qui présentent des similitudes avec celui de la plaignante" du mois de juin 2023.