2-0. Mécontent du portrait que lui avait consacré "Complément d'enquête" sur France 2 le 7 avril 2016, Vincent Bolloré avait saisi le tribunal de commerce pour atteinte à ses intérêts commerciaux après la rediffusion du sujet. L'industriel breton réclamait alors à France Télévisions 50 millions d'euros. A l'issue du procès ce mardi après-midi, le tribunal de commerce de Paris a relaxé France 2. "Vive la justice ! Vive l'information indépendante du service public !", a tweeté après le jugement Tristan Waleckx, l'auteur du portrait de Vincent Bolloré. L'actionnaire de Vivendi a annoncé qu'il faisait appel de la décision.
Il s'agit de la deuxième victoire pour le groupe audiovisuel public et pour le journaliste, lauréat du prix Albert-Londres 2017, face à Vincent Bolloré. Mardi 5 juin, le tribunal de grande instance de Nanterre avait décidé de relaxer France 2 et par conséquence son journaliste Tristan Walekcx, après la plainte pour diffamation déposée par le patron des Autolib' fin novembre 2016. Quelques heures après son procès la semaine dernière, le journaliste s'était confié à puremedias.com : "On est très content, même si depuis le début de la procédure on est relativement serein, parce qu'on estime avoir dit toute la vérité. On a tous les éléments, tous les témoignages qui prouvent ce qu'on dit dans le reportage."
Malgré ces deux belles victoires, une dernière poursuite engagée contre France 2 et son journaliste est toujours en cours. En effet, une procédure pour diffamation est en cours au Cameroun après la plainte déposée en novembre 2016 par la Socapalm contre France Télévisions et Tristan Waleckx. "Ce n'est pas Bolloré directement, mais la Socapalm, un partenaire très important pour Bolloré", avait expliqué le journaliste enquêteur, poursuivant : "Est-ce que le journaliste qui a réalisé ce reportage rigoureusement exact aux yeux de la loi française mérite de faire de la prison ferme ? Car c'est ça qu'on encourt au Cameroun, pour Delphine Ernotte, Nicolas Poincaré et moi-même". Il avait conclu sur le procès au Cameroun : "Même si Bolloré n'est pas dirigeant de la Socapalm, il est actionnaire. En fonction de sa réaction, à voir s'il estime qu'on mérite la prison."