Pas de sanction du CSA. Le 10 décembre 2020, en seconde partie de soirée sur France 2, "Complément d'enquête", présenté par Jacques Cardoze, avait proposé un numéro dédié à l'islamisme. Parmi les divers reportages du magazine, l'un d'eux était consacré à La France insoumise, mouvement mené par Jean-Luc Mélenchon, accusé par certains de ses opposants de complaisance envers les islamistes.
A la suite de la diffusion de cette émission, via un communiqué, La France insoumise avait fait part de son mécontentement. "Présenté sous la forme d'une enquête, le reportage n'est rien d'autre qu'un document exclusivement à charge, visant à nous attribuer une identité politique qui n'est pas la nôtre. Il affirme une proximité et une complicité de notre mouvement avec un courant politique religieux extrémiste", avait débuté le texte du parti, qui avait annoncé saisir le Conseil supérieur de l'audiovisuel concernant ce reportage.
Selon le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, "Complément d'enquête" ne faisait pas de journalisme, mais du "militantisme politique". "Nous dénonçons ces pratiques contraires à la déontologie la plus élémentaire de l'idée d'enquête. Nous demandons au CSA en confiance de rétablir nos droits a une présentation respectueuse de la réalité de nos orientations politiques sans interprétation systématiquement dégradante", avait réclamé le parti de gauche. Et de terminer : "Nous souhaitons une condamnation du procédé, une mise en garde en vue de la campagne présidentielle et nous demandons un droit de réponse de temps égal au temps des imputations manipulatoires du document".
Contactée le 11 décembre 2020 par puremedias.com, la rédaction en chef de "Complément d'enquête" avait maintenu l'intégralité de ses informations. "Nous avons traité d'un débat d'actualité et d'un débat qui agite aussi le mouvement en interne. Nous avons largement donné à la France Insoumise l'occasion de répondre sur le sujet. Plusieurs représentants du mouvement, dont Clémentine Autain, invitée en plateau, ont eu l'opportunité de s'exprimer", avait-elle indiqué.
Dans une décision publiée le 18 février dernier, le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est donc prononcé après la saisine du coordinateur de La France insoumise Adrien Quatennens et du chef de file du mouvement Jean-Luc Mélenchon. "Le conseil a constaté que l'approche éditoriale retenue dans cette séquence visait à présenter les ressorts d'une controverse, relative à la position de cette formation politique à l'égard de l'islamisme politique", a commencé le gendarme de l'audiovisuel.
"Il a observé que si certains intervenants avaient formulé des propos critiques à l'encontre de la France insoumise, plusieurs représentants de cette dernière avaient pu faire valoir leur point de vue. Cela a notamment été le cas d'une députée à la faveur d'un entretien d'une durée de huit minutes concluant la séquence", a poursuivi le CSA. Et de déclarer : "Le conseil n'a pas relevé de manquements de l'éditeur à ses obligations, en particulier au regard de l'exigence d'expression de différents points de vue sur une question prêtant à controverse".