Le jury du Festival de Cannes 2024 a rendu son verdict. Sean Baker a donc quitté la Croisette, auréolé de la Palme d'or pour son film "Anora". Au cours de la cérémonie de clôture, animée ce samedi 25 mai 2024 par Camille Cottin et retransmise sur France 2, le prix d'interprétation féminine, décerné aux quatre actrices du film "Emilia Perez" de Jacques Audiard, a lui aussi été particulièrement commenté. Lauréate au même titre que Zoe Saldana, Adriana Paz ou Selena Gomez, Karla Sofía Gascón est devenue la première femme trans à recevoir cette récompense à Cannes.
Une annonce, que Marion Maréchal, tête de liste du parti d'extrême droite Reconquête ! aux élections européennes du 9 juin 2024, n'a pas manqué de critiquer. "C'est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d'interprétation... féminine. Le progrès pour la gauche, c'est l'effacement des femmes et des mères", a posté sur X (anciennement Twitter) l'ancienne députée du Vaucluse.
"Pourquoi cela vous gêne ce prix", lui a ainsi demandé Jean-Baptiste Marteau qui l'interviewait ce lundi 27 mai 2024 dans "Les 4 vérités" de "Télématin" sur France 2. "Vous connaissez cette citation d'Orwell qui dit 'qu'en ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire' (phrase tirée du livre "1984" du journaliste et écrivain britannique, ndlr). Et bien, moi je dis que dire toute la journée qu'un homme est une femme ou qu'une femme est un homme, cela ne fait pas une vérité", a-t-elle répliqué. "Je considère que oui, il y a une tentative relativement méprisante, disons-le, d'effacer les femmes lorsque l'on accorde à un homme, y compris transgenre, un prix qui aurait dû revenir à une femme", a ajouté la candidate.
"Mais c'est une femme ! Elle a même ses papiers, son état civil... C'est une femme trans mais c'est une femme !", lui a opposé Jean-Baptiste Marteau. Ce à quoi Marion Maréchal a répondu par l'absurde : "J'ai 65 ans. J'ai 65 ans, j'ai fait des opérations esthétiques pour avoir des rides. J'ai fait changer mon âge à l'état civil et si jamais vous me réfutez cette possibilité d'avoir 65 ans, vous êtes 'âge-ophobe' (sic)", a-t-elle déclaré à l'attention de Jean-Baptiste Marteau avant que celui-ci ne l'interrompe. "Donc on va vous dire là que vous êtes transphobe. Vous refusez aux personnes trans le droit d'exister."
Marion Maréchal de poursuivre : "Aujourd'hui, on nous impose de croire à un mensonge. Si cette personne a envie de rassembler à une femme, c'est son droit le plus strict". "Donc vous dites 'je suis transphobe' ?", a répété Jean-Baptiste Marteau. "Non, je ne considère pas que c'est transphobe, je considère que c'est simplement rappeler une vérité", a-t-elle estimé, avant de conclure.
"Arrêtons de nous imposer qu'il s'agit là d'une femme, arrêtons de nous obliger à dire qu'il s'agit là d'une femme. Non, une femme, c'est une réalité biologique. Voilà. Je suis une femme et je considère qu'il est particulièrement méprisant aujourd'hui, une fois de plus, de remplacer les femmes dans des titres ou des domaines ou des missions qui leur sont réservées. Aujourd'hui, ça tient relativement dans le sport mais pour combien de temps si on continue d'avancer là-dessus ?" puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Lors de la remise du prix à Cannes le 25 mai, Karla Sofía Gascón avait anticipé les critiques. "Demain, c'est sûr qu'il y aura plein de commentaires de personnes terribles qui diront les mêmes choses sur nous tous", les personnes trans, avait-elle déclaré, des larmes dans la voix. "Mais je veux terminer par un message d'espoir. À elles toutes, comme Emilia Perez, nous avons tous la possibilité de changer pour le mieux, de devenir de meilleures personnes. Voyons si vous changez bande de salauds", lançait-elle à ses détracteurs.