Elle prend la défense de la femme politique. Dans les colonnes de "Franc-Tireur", Caroline Fourest a pris la défense de la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa après son clash avec Andréa Bescond dans "C ce soir" sur France 5 le 8 mars dernier. Furieuse, la membre du gouvernement s'était emportée, avait menacé de quitter le plateau et avait demandé que la séquence soit coupée au montage. Ce que les équipes de Karim Rissouli avaient refusé de faire.
"Une ministre, femme et féministe, doit-elle démissionner parce que des femmes et des enfants continuent à se faire violer et tuer ? C'est au fond ce que la réalisatrice Andréa Bescond a exigé de Marlène Schiappa sur le plateau de 'C ce soir' avec une rage démesurée. Un dialogue impossible", a commencé la réalisatrice dans un article intitulé "Accusée politique, levez-vous !". Et d'ajouter : "Pour débattre, et même sans se disputer, il faut accepter de parler la même langue, ne pas étouffer la raison sous l'émotion".
L'essayiste a convenu qu'on pouvait "tancer un ou une ministre" - "ils sont habitués" -, "leur reprocher d'appartenir à un gouvernement qui ne met pas assez de moyens, par exemple pour former des magistrats ou prononcer des ordonnances de protection pour prévenir les féminicides". "Dans ce cas, le responsable politique peut contre-argumenter, se justifier, par des faits, des chiffres, des mesures, et tracer des perspectives. Mais que peut répondre une responsable politique quand on lui jette à la face, avec haine, qu'elle n'a rien fait contre 'l'impunité des violeurs', qu'elle devrait avoir honte et démissionner ?", a-t-elle poursuivi, soulignant que "les viols existent toujours", "que peu de plaintes pour viol aboutissent" et "qu'une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint".
"C'est à peu près aussi injuste que d'exiger la tête d'un ministre de la Santé parce que des gens meurent de maladie, ou celle d'un garde des Sceaux sous prétexte que toute personne accusée n'est pas systématiquement condamnée", a estimé Caroline Fourest. Selon elle, c'est "surtout faire croire que la domination masculine" et "ses crimes ancestraux", "ont commencé avec ce gouvernement et pourraient s'arrêter avec lui" : "Ce conte pour enfants déresponsabilise les citoyens, et plus encore les violeurs".
L'écrivaine a continué sa défense : "Placée devant un réquisitoire sans appel, qui ne se contentait pas d'interroger son action mais niait sa volonté et sa sensibilité, l'accusée Schiappa ne pouvait que réagir par l'émotion et vouloir fuir cet échange - qu'on lui refusait". "Que des politiques (de tous bords) sacrifient leur vie personnelle et travaillent du matin au soir pour tenter d'atténuer la brutalité du monde n'intéresse plus. On exige d'eux une solution magique, immédiate, ou de démission. Qu'on ne s'étonne pas si le débat politique touche le fond, à force de l'éviter", a conclu Caroline Fourest.