Le mode d'emploi du parfait délinquant. Selon une décision publiée il y a quelques jours sur le site du CSA, l'institution a rappelé à l'ordre la chaîne W9 suite à un reportage intitulé "Métro, trains, avions : les transports sous haute surveillance" et diffusé dans l'émission "Enquête d'action" le 28 juillet 2017. Dans cette émission présentée par Marie-Ange Casalta, on pouvait notamment découvrir comment ouvrir une valise à l'aide d'un stylo et la refermer sans laisser de traces ou encore l'existence de clés spéciales utilisées par les autorités pour ouvrir les bagages suspects, des clés disponibles à la vente. "Le montant des vols effectués grâce à ces techniques aurait été également divulgué", note le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Selon l'autorité administrative, ces faits constituent une entorse à l'article 1er de la loi du 30 septembre 1986, qui stipule que l'exercice de la liberté de communication au public dont disposent les chaînes de télévision peut être limitée par "la sauvegarde de l'ordre public". La manière dont le sujet des vols a été traité par W9 entre dans ce cas de figure selon le CSA, pour qui cela représente "un risque d'incitation à des comportements inciviques et délictueux en présentant de manière précise des techniques de vol de bagages facilement reproductibles".
Le conseil estime même que W9 a fait preuve ce soir-là de "complaisance à l'égard de cette forme de délinquance" et lui a donc "fermement" rappelé le nécessaire respect à l'avenir des termes du fameux article 1er évoqué ci-dessus.
Il y a quelques jours, sur Europe 1 dans "Village médias", les auteurs du livre-enquête "La part du ghetto" n'avaient pas hésité à affirmer que M6, dont le groupe détient W9, était beaucoup regardée en prison. Parlant du rapport des délinquants aux émissions de faits divers, la journaliste Manon Quérouil-Bruneel avait expliqué : "Ils s'appuient là-dessus pour apprendre des erreurs de ceux qui sont tombés. Ils apprennent la façon dont il faut parler à une juge, pour éviter de prendre trop cher".