Un témoignage qu'il faut entendre. Invitée d'Aurélie Casse dans "C l'hebdo" sur France 5 ce samedi 20 janvier 2024, Anna Mouglalis a été interrogée sur le mouvement de libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français. L'actrice, rendue célèbre par la série politique de Canal+ "Baron noir", a apporté sa pierre à l'édifice en rapportant, en août 2023 dans une enquête de "Médiapart", le comportement de Philippe Garrel avec les actrices qu'il met en scène.
À LIRE AUSSI : Quand "Baron Noir" utilise "Libération" sans autorisation
Selon cet article, alimenté par les récits circonstanciés de quatre autres comédiennes, le réalisateur de 75 ans, récompensé à deux reprises à la Mostra de Venise, aurait profité de son statut pour leur demander des faveurs sexuelles en échange d'un rôle. "Je dénonce une attitude de prédateur", a ainsi confirmé Anna Mouglalis sur le plateau de l'émission de France 5. "Le sens de mon témoignage était d'apporter du soutien à celles qui ne peuvent pas parler ou à celles qui ont subi. C'est toujours beaucoup plus facile quand on n'a pas subi le viol ou l'agression sexuelle de prendre la parole. Moi, je tenais à le faire", a-t-elle précisé.
Si Anna Mouglalis n'a pas été concernée personnellement par ces tentatives de baisers non consentis et propositions sexuelles émanant de Philippe Garrel lors de rendez-vous professionnels, elle est en mesure d'affirmer que le réalisateur "dit clairement qu'il a besoin de coucher avec ses actrices". "J'avais déjà tourné le film ("La jalousie" en 2013, ndlr), mais il m'avait demandé de lui donner à lire des textes féminins écrits sur le désir féminin. Et donc je lui ai proposé de lire des extraits de textes. Et pendant ce moment où il était venu chez moi, il est allé s'allonger sur mon lit. Il voulait que je lui explique le désir féminin d'une façon sans doute un peu plus littérale. Il n'y en avait pas de désir, donc je l'ai renvoyé", a-t-elle affirmé.
"À ce moment-là, il vous dit 'j'ai des douleurs, je fais un malaise etc", l'a interrompue Aurélie Casse pour citer la version des faits du réalisateur. "Vu la géographie de mon appartement, il avait de quoi s'allonger sans se mettre sur mon lit", a rétorqué Anna Mouglalis. puremedias.com vous propose de visionner la séquence. À "Médiapart", Philippe Garrel a admis ne s'être "pas rendu compte" du comportement – au minimum gênant – qui pouvait être le sien. Avant d'ajouter : "À la lecture de tous ces témoignages, je réalise la différence entre ce que j'imaginais alors et ce que je leur ai fait vivre. J'avais déjà pris conscience de la culture qui m'a façonné, et cela a ouvert en moi une remise en question", a-t-il analysé auprès du site d'investigation.