Il passe la main contre son gré. Ce lundi 27 mai 2024, Yves Bigot, 68 ans, a présenté sa démission au Conseil d'administration de TV5 Monde, chaîne francophone qu'il préside depuis 2012. Quelques jours plus tôt, le 19 avril, la ministre de la Culture, Rachida Dati, lui aurait signifié qu'il ne serait pas reconduit dans ses fonctions pour un nouveau mandat à la fin de l'année 2024. "Elle m'a dit : 'On n'a rien à vous reprocher, votre bilan est impeccable, mais on ne vous renouvellera pas.' Point final", a-t-il relaté dans une interview parue ce mardi 28 mai 2024 dans "Télérama".
"Je vous confirme ma démission au 30 juin prochain", a écrit Yves Bigot le même jour dans un mail adressé aux salariés de TV5 Monde. "Je ne fais qu'anticiper mon départ prévu et annoncé fin novembre", a-t-il ajouté dans ce courriel succinct signé "Peace & Love" et relayé par "Le Monde".
"À partir du moment où plus de six mois avant la fin de mon mandat on annonce déjà que je ne serai pas renouvelé, cela devient public et je ne vais pas attendre le mois de décembre pour trouver le job suivant, je ne suis pas fonctionnaire", a lâché au quotidien du soir l'ancien directeur des programmes de France 2. "Le 30 juin correspond à la rythmique télévisuelle saisonnière, c'est un moment de césure depuis des décennies que j'exerce".
"Je ne suis pas fonctionnaire et il faut que je trouve un job", a confirmé, avec le même ton à "Télérama, Yves Bigot, qui a officié comme directeur des programmes de RTL entre 2010 et 2012 et est passé par Mercury, France Télévisions, Arte Belgique et Endemol.
À l'heure du bilan, Yves Bigot retient que "ces douze années resteront un moment exceptionnel dans ma vie". "Je suis vraiment très fier du travail accompli avec des équipes formidables. Nous avons doublé la distribution des chaînes, plus que doublé leur audience, avons lancé une plateforme mondiale et avons survécu à la plus forte cyberattaque de l'histoire d'un média en 2015", a-t-il développé, sans éluder les critiques.
Le dernier mandat d'Yves Bigot a notamment été entaché, rappelle "Télérama", par des accusations de harcèlement moral, de comportements brutaux et des départs en cascade. "Le patron est toujours responsable de tout, il est nul et à sa place on ferait tellement mieux. On ne dirige pas une chaîne sans être un peu autoritaire. J'ai eu quelques adversaires. Je ne tiens pas à m'étendre sur le sujet. Personne n'est parfait, j'aurais sans doute pu faire mieux et je ne vais pas essayer de vous dire que tout ce que j'ai fait est génial, mais je n'ai rien à me reprocher de particulier en la matière".
D'après Yves Bigot, la locataire de la rue de Valois ne lui aurait jamais signifié par la suite ce qui a motivé sa décision de l'évincer. "Mon âge a pu peser dans la décision, mais je n'en sais pas plus. J'ai ensuite vu passer l'appel à candidatures, une première pour la chaîne", a ironisé l'intéressé.
Le 22 mai 2024, le ministère de la Culture a lancé un appel à candidatures ouvert jusqu'au 9 juin pour la désignation du prochain dirigeant ou dirigeante de la chaîne. Les noms de Martin Ajdari, ancien de la direction du cabinet de la ministre de la Culture (sous Aurélie Filippetti, puis sous Fleur Pellerin) de mai à novembre 2014, et d'Olivier Poivre d'Arvor, l'ancien directeur de France Culture, pourraient faire partie de la short-list, d'après "La lettre".
Le prochain président de TV5 Monde aura notamment pour mission de mettre en musique le plan stratégique 2025-2028. Il prévoit notamment que quatre États dirigés par des autocrates (le Cameroun, le Gabon, la République démocratique du Congo et le Congo-Brazzaville) entrent dans le capital de TV5 Monde.