Que retenir de cette année médiatique ? Pour la quatrième saison, puremedias.com propose sa série d'interviews des personnalités du PAF, qui vous livrent leurs coups de coeur et coups de gueule. Au tour d'Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde.
La personnalité médiatique de l'année ?
Donald Trump, malheureusement. Il a sans doute volé l'élection, comme George W. Bush en 2000. Grâce aux Russes ? Peut-être, mais surtout en racontant n'importe quoi et en inventant le monde de la post-vérité dans lequel nous allons baigner désormais et qui ressemble à la Tour de Babel. Son futur gouvernement de faucons, de lobbyistes, d'affairistes, de magnats du pétrole et de climatosceptiques annonce la fin du monde - tel que nous le connaissions.
La personnalité politique de l'année ?
Justin Trudeau, le remarquable Premier ministre canadien, comme l'an dernier, déjà. Moderne, courageux, engagé, déterminé, plus encore qu'Obama. Son discours au sommet de la Francophonie à Antananarive était un modèle : féministe, pour la lutte contre les mariages forcés, l'excision, la pollution, le réchauffement climatique, pour les droits des homosexuels et des LGBT, la diversité et l'accès de la jeunesse au pouvoir comme moyens de lutte contre la radicalisation.
Le coup médias de l'année ?
Le Prix Nobel de Littérature enfin attribué à Bob Dylan, n'en déplaise aux acariâtres Finkielkraut, Assouline et Luc Ferry. Shakespeare écrivait pour la scène, pour des comédiens, Dylan écrit pour ses mélodies, sa métrique, son chant. Il a créé un genre unique, novateur, offert une vision culturelle, générationnelle et métaphysique inédite qui a modifié, bonifié son époque, lui a offert une voix, a exploré les profondeurs de l'âme américaine. C'est ainsi qu'il a modernisé la littérature, lui conférant un pouvoir que le roman ou la poésie ne possédaient plus.
Le mensonge médiatique de l'année ?
"Le streaming va sauver la musique". Les sondages politiques. "Jésus revient". L'émission de Karine LeMarchand n'aura aucune influence sur le vote. "Hanouna, ça ne durera pas". Canal Plus.
L'émission TV de l'année ?
"Quotidien" de Yann Barthès sur TMC. Qui l'eut cru ? Et " 300 millions de critiques " sur TV5Monde, toujours autour de Guillaume Durand, avec Estelle Martin et Lise-Laure Etia (TV5Monde), Pascale Bourgaud (RTBF), Matthieu Dugal (Radio-Canada), Michel Cerruti (RTS) et leurs guests, Jack Lang, Olivier Poivre d'Arvor, Amobé Mévégué, Slimane Zéghidour, Arnaud Viviant, etc.
L'émission radio de l'année ?
"Foule sentimentale" de Didier Varrod sur France Inter, en direct le vendredi soir. Avec son atmosphère cool, ses artistes en live, ses rencontres inattendues, ses coups à boire et son joyeux bordel, ça me rappelle mes propres émissions sur Europe 1 dans les années 80. Et toujours, les Nocturnes de Georges Lang sur RTL...
Le dérapage médias de l'année ?
Le Morandini Gate. Sa gestion. Ses différentes implications.
Le flop TV/radio de l'année ?
L'embarras du choix : les après-midis de France 2, le suicide du "Grand Journal", le sabordage insidieux d'iTELE, etc.
Le/la journaliste de l'année ?
David Thomson. Elise Lucet. Les gars et les filles de iTELE. Tous ceux qui continuent de faire leur boulot dans un contexte de plus en plus tendu et surveillé.
L'animateur/animatrice de l'année ?
Quiconque ne répond pas Cyril Hanouna le fait pour ne pas déroger au politiquement correct. Yann Barthès. Et, mine de rien, tous les survivants : Thierry Ardisson, Patrick Sébastien, Michel Drucker, Stéphane Bern, Nagui, Laurent Ruquier, etc.
La personnalité médiatique qui marquera 2017 ?
Donald Trump, hélas. François Fillon et celui ou celle qui le battrait éventuellement.