Les médias de l'audiovisuel doivent-ils revoir leur copie ? Dans une enquête de "Télérama" publiée ce lundi 23 septembre, sous couvert d'anonymat, plusieurs salariés de Bangumi accusent la société de production derrière "Quotidien" de "souffrance au travail". "C'est une entreprise de dingue avec des moyens de dingue... mais qui peut aussi très facilement vous broyer", assure "un ancien cadre" au magazine culturel.
C'est notamment le cas de certains membres de l'équipe de postproduction, "qui regroupe les monteurs, graphistes et assistants de production", explique l'article. Comme dans la plupart des boîtes de production, ces collaborateurs sont "en grande majorité intermittents ou en contrats courts". L'un d'entre eux, un graphiste qui travaillait depuis 4 ans dans le talk-show, explique avoir perdu son poste après avoir pris part à un mouvement de grève des intermittents de l'audiovisuel. La société assure cependant que "certains agissements" du graphiste, notamment des "pauses cigarettes prolongées" justifient son éviction. De son côté, un monteur dit avoir été "blacklisté" après avoir posté un message de soutien à son collègue dans Telegram. "On ne blackliste pas, on gère juste un énorme planning et on essaye de faire tourner les gens, tout en amenant du sang neuf" justifie la direction.
Une autre collaboratrice de la postproduction a quant à elle décidé de quitter Bangumi fin mai "après un arrêt-maladie et la fin de son contrat" et après avoir "signalé à plusieurs reprises l'attitude de sa supérieure, la responsable de la postproduction" dans une situation qu'elle "considère comme du harcèlement". "Depuis janvier, elle ne m'adressait plus la parole, m'a retiré l'essentiel de mes missions sans aucune explication", témoigne-t-elle. "Il y a eu une dispute qui avait généré des tensions" explique-t-on du côté de la direction, qui évoque "une inimitié avec des torts partagés".
Les témoignages font également état d'une "pression" exercée sur les journalistes. "'C'est le fonctionnement d'une start-up, on avance à fond. Tu montes dans le train... ou pas' résume un ex-journaliste resté à quai" peut-on encore lire. "C'est marche ou crève" assurent d'autres salariés. "J'allais bosser avec une boule au ventre jusqu'au jour où je me suis dit que ce n'était plus possible". Mais "partir, c'est une petite trahison", explique une autre journaliste. Selon les informations de "Télérama" plusieurs salariés ont dû "rentrer dans de féroces négociations pour recouvrer plus tôt que prévu leur liberté", et au moins quatre d'entre eux ont porté plainte aux prud'hommes, dont le duo d'humoristes Éric et Quentin.
Des affaires qui se sont soldées par des accords "à l'amiable" avec des "clauses de confidentialité". "La vie professionnelle, c'est comme ça. On n'est ni une secte ni une famille. Nous sommes respectueux de la loi et n'avons aucune condamnation à ce jour" justifie Laurent Bon, cofondateur de Bangumi avec Yann Barthès . "Nous avons une boîte normale" assure celui qui est considéré comme "le roi dans sa tour" par certains salariés. "Nous avons une quotidienne à gérer, c'est dur et tout le monde n'est pas forcément taillé pour. Alors, on accompagne ou on oriente sur autre chose" explique-t-il encore.
Autre émission remise en cause : "Reportages Martin Weill" Selon "Télérama", un ancien rédacteur en chef du programme incarné par le reporter vedette passé par "Quotidien" est "arrêté depuis mars pour un burn-out". Le diagnostic du médecin est sans appel : "syndrome anxiodépressif avec épuisement professionnel". Ce dernier dénonce des "intimidations, critiques acerbes, gratuites, publiques, incessantes". Du côté de la direction, qui a lancé une enquête en interne, on évoque des "faits pas corroborés" et "des problèmes rencontrés avec le salarié en question." Un autre rédacteur chef du programme, qui a connu trois personnes à ce poste en cinq ans, évoque lui aussi une "relation toxique" avec Martin Weill. "Martin est un journaliste brillant, exigeant, il travaille énormément aux quatre coins du monde. L'accompagner relève autant de l'éditorial que du management humain.", le défend Laurent Bon.