Les trois mousquetaires de l'audiovisuel. Hier matin, les groupes TF1, France Télévisions et M6 ont annoncé leur alliance pour la création d'une plateforme de streaming commune, baptisée Salto. Dans "Le Figaro" ce samedi, les trois dirigeants Delphine Ernotte, Gilles Pélisson et Nicolas de Tavernost précisent les grandes lignes de cette collaboration inédite et leurs ambitions sur le numérique.
"L'union fait la force ! Une fois n'est pas coutume, nous allons mettre nos petites chamailleries quotidiennes de côté pour créer une plateforme commune à France Télévisions, TF1 et M6", déclare d'entrée la patronne de France Télévisions, pour présenter Salto. Cette plateforme devrait être lancée "courant 2019", "après avoir été soumise aux autorités de la concurrence", ajoutent le PDG de TF1 et le président du directoire de M6, soulignant qu'elle "sera ouverte à d'autres chaînes".
Gilles Pélisson poursuit au sujet de cette collaboration : "Chaque groupe sera coactionnaire à parts égales de la nouvelle entité, qui disposera d'une gouvernance autonome et d'une équipe dédiée. Les trois actionnaires se sont engagés à investir un total de 45 millions d'euros pour faire fonctionner la plateforme". Salto permettra aux consommateurs de visionner les programmes en direct ou à la demande, via des entrées par chaînes ou par genres. Les utilisateurs devraient également bénéficier de services additionnels comme des contenus inédits, la mise à disposition des séries et des avants-premières.
"Salto n'a pas vocation à remplacer les service MyTF1, 6Play et France.tv, qui continueront d'exister parallèlement. Aux Etats-Unis, la cohabitation entre les services de replay propres à chaque groupe audiovisuel et des services enrichis communs, type Hulu, est aujourd'hui bien installée", assure le patron de TF1, précisant que Salto ne disposera pas de sa propre régie publicitaire.
Par ailleurs, Delphine Ernotte martèle que Salto ne "s'est pas engagé dans une course contre Netflix" : "Nous ne créons pas un Netflix français, mais une plateforme en ligne commune, qui, moyennant une somme modique, donnera accès à une grande diversité de programmes". "Notre projet s'inscrit dans un mouvement plus général en Europe", ajoute Nicolas de Tavernost, avant de conclure : "Tous les acteurs locaux tentent actuellement de se renforcer face aux groupes internationaux, capables d'enjamber nos frontières avec une facilité déconcertante, en raison d'une réglementation défaillante. Cette inégalité de traitement nous oblige à réagir."