"Le Canard Enchaîné" revient sur le rapprochement entre le groupe Orange et le groupe Bouygues. Démentie catégoriquement par le groupe de Martin Bouygues, l'information de la sérieuse agence américaine Bloomberg avait été confirmée par "Le Monde". Début décembre, ces médias assuraient que le premier opérateur télécom du pays étudiait un rapprochement avec Bouygues Telecom et une entrée dans le capital du groupe Bouygues et par conséquent dans sa chaîne TF1. Une opération qui conduirait au retour à trois opérateurs de téléphonie en France, alors qu'il y a quelques mois le groupe Bouygues a refusé de vendre sa filiale télécom à Patrick Drahi, le patron de Numericable-SFR, pour 10 milliards d'euros.
Ce matin, "Le Canard Enchaîné" confirme qu'Orange "étudie la possibilité de prendre une participation de 10% dans TF1". "La transaction serait à la faveur du rapprochement entre les opérateurs Orange et Bouygues Telecom", ajoutent nos confrères. L'hebdomadaire raconte ensuite en détail les tractations entre Orange, Bouygues et... l'Elysée !
En effet, le Château est partie prenante de ces négociations puisque l'Etat détient 23% du capital d'Orange. "On n'a jamais été aussi proches d'un accord. Mais, techniquement, cela ne pourra pas aboutir avant plusieurs semaines", glisse une source du "Canard". A l'issue de ce rapprochement, Martin Bouygues détiendrait "entre 10 et 12%" d'Orange, tandis qu'Orange aurait 10% de TF1. Une part significative que le "Canard" qualifie de "semi-nationalisation" de la première chaîne privatisée en 1987.
Les trois parties auraient attendu que le CSA prenne sa décision sur LCI, avant de rendre public l'affaire. "L'Elysée soutient le sarkozyste Bouygues ? Rue du Faubourg-Saint-Honoré, cela fait longtemps que l'héritier du BTP n'est plus considéré comme un ennemi. Martin Bouygues est passé au hollandisme depuis que son ancien ami et voisin de Neuilly-sur-Seine a pourri son business en offrant à Free la quatrième licence de téléphonie mobile", explique l'hebdomadaire, qui rapelle comment l'offre d'info à la télévision a changé en cette fin d'année 2015 avec l'autorisation d'émettre en gratuit donnée à LCI (pour affaiblir BFMTV ?) et l'arrivée surprise de Michel Field à la direction de l'info de France Télévisions.
Le 18 décembre, au lendemain de la décision du CSA sur LCI, Nonce Paolini avait vivement réagi à l'évocation de ses grandes manoeuvres. "C'est des conneries", avait évacué le futur ex-patron de la Une. "Que voulez vous que TF1 aille faire là-dedans ?", avait-il ajouté, avant de se moquer des fusions entre fournisseurs d'accès et diffuseurs de contenus. "Notre intérêt c'est que nos contenus soient diffusés le plus largement possible ! Si on avait réservé nos contenus à Bouygues Telecom, on ne serait pas allés loin étant donné la base d'abonnés de Bouygues Telecom...", avait-il conclu.