Une saga familiale digne d'une saga d'été diffusée en plein mois de mars. Le pari est osé. Mais après "Safe" et "Access", ses fictions maison diffusées en 2018, C8 entend franchir dès ce soir en prime time un palier supplémentaire dans la production de séries françaises. Le candidat à cette évolution à un nom, il s'appelle "Les Ombres rouges", une fiction en 6×52 minutes portée par Nadia Farès, Manon Azem et Antoine Duléry. Deux épisodes seront diffusés chaque mardi sur la chaîne.
L'intrigue est à cheval entre deux époques : 1993, année où la jeune Clara Garnier (Manon Azem) est enlevée et sa mère tuée lors d'un échange de rançon qui tourne mal, et 2018, année où Aurore (Nadia Farès), la soeur aînée de Clara devenue officier de police, retrouve sa trace au détour d'une enquête. Le retour de la jeune femme dans sa richissime famille va faire ressurgir des secrets du passé. "Et si l'ennemi était dans la famille...", suggère la punchline de la série. En l'occurrence, il aurait été plus juste de parler de familles au pluriel puisque la mère de famille assassinée était une De Haven, dont le seul représentant dans la série est son frère, Julien (Michel Bompoil), propriétaire d'un domaine viticole.
Dans la famille Garnier, chaque membre a un côté pile et un côte face. Si elle est épanouie dans son métier de policier, Aurore a du mal à gérer sa vie personnelle et est au bord de la séparation avec son mari, Romain (Rémi Pedevilla), policier comme elle, qui la trompe avec la commissaire. Aurore a deux frères : Frédéric (Raphaël Lenglet), qui gère l'hôtel de luxe familial et à qui tout réussit, mais qui cache une vraie souffrance, et Gabriel (Lannick Gautry), gérant d'une boîte de nuit, lourdement endetté. Une demi-soeur vient compléter le clan Garnier, la jeune Thelma (Eden Ducourant) que leur père, Jacques (Antoine Duléry) a eu avec sa seconde épouse. Les grands-parents Garnier, Paul (André Oumansky) et Rose (Joséphine Derenne) viennent compléter le cercle familial. De quoi parler à toutes les générations de téléspectateurs.
Côté cast, le pari est donc réussi, même si Antoine Duléry se contente de courtes scènes dans les cinq premiers épisodes, avant d'être enfin plus présent dans le dernier volet. De même, sa façon d'interpréter son personnage en mode vieux loup de mer désabusé peut irriter sur la longueur... Dans le reste de la distribution, les fans de séries françaises seront ravis de retrouver deux comédiens de l'ancienne série de M6 "Les Bleus", avec la présence de Raphaël Lenglet et de Mhamed Arezki, mais aussi deux visages familiers du feuilleton "Plus belle la vie", avec Bryan Trésor et Elodie Varlet, alias Baptiste et Estelle sur France 3.
Première grande fiction de la TNT, "Les Ombres rouges" se révèle être un diesel. Il faut en effet passer le cap du premier épisode, poussif, pour que la série prenne enfin son rythme de croisière. Sur le plan visuel, c'est un sans faute. Le tournage ayant eu lieu l'été dernier dans le sud de la France, le soleil et la mer sont des personnages à part entière, avec des vues aériennes de toute beauté. La production (H2O Fictions/Gétévé Productions) n'a pas non plus lésiné sur le budget villas. Chaque personnage réside en effet dans des maisons à faire pâlir d'envie les stars américaines. Mention spéciale à la villa des grands-parents et sa vue imprenable sur les calanques de Cassis.
Pour apprécier cette fiction, il faudra donc être indulgent à l'égard de répliques peu inspirées ("Le vin c'est comme les enfants, on doit s'en occuper en permanence"), d'une direction d'acteurs qui peut parfois être un peu facile et des facilités scénaristiques inhérentes au genre (la scène de la marche arrière fatale par exemple).
Ce qui n'empêche pas les révélations de s'enchaîner épisode après épisode, jusqu'à l'étonnant épisode 5, avec un rebondissement osé qu'on n'avait pas vu venir et qui prouve que les scénaristes, malgré une intrigue peu originale, ont voulu prendre des risques. En somme, "Les Ombres rouges" ne renouvelle pas le genre de la fiction familiale mais n'a pas cette prétention. Des questions restées sans réponses ouvrent même la voie à une éventuelle saison 2. Les audiences décideront de la suite.