La grogne s'exprime dans les bureaux régionaux de France 2. Depuis le lundi 8 avril 2024, les correspondants régionaux de la Deux sont appelés à une grève illimitée par l'intersyndicale CFDT-CGC-CGT-FO-SNJ-Unsa de France Télévisions. L'objectif : dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et donner de l'écho à leurs revendications restées lettre morte lors de la phase de négociation annuelle obligatoire (NAO) entre employeur et représentants des salariés. Lundi, 16 des 20 journalistes* répartis dans les dix bureaux régionaux de la Deux avaient cessé le travail. Hier, douze étaient encore mobilisés. 15 journalistes ont cessé le travail aujourd'hui.
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Dans le préavis de grève, daté du jeudi 28 mars 2024, l'intersyndicale s'inquiète de "l'épuisement (des équipes de France 2 en région) à cause d'amplitudes de travail au-delà de 11 heures, voire 13 heures, un week-end sur deux travaillé, une vie personnelle souvent entre parenthèses" et réclame de la "considération". "Les correspondants méritent mieux que des miettes !".
"La charge de travail pour les éditions de 'Télématin', du '13 Heures' et du '20 Heures' est en forte hausse, la direction doit en tenir compte", réclame ce mercredi le SNJ. Un appel à la grève avait été envisagé en début d'année puis finalement écarté après la signature le 6 janvier d'un protocole d'accord, prévoyant notamment la création d'une troisième équipe au sein du bureau de Marseille.
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En conséquence, les représentants des salariés demandent en premier lieu "une revalorisation de la prime d'astreinte de 10 euros brut". Celle-ci leur a été refusée lors de la NAO. "Trop cher, circulez, il n'y a rien pour vous !", résume l'intersyndicale dans le communiqué. Cette prime d'astreinte, versée aux rédacteurs et journalistes reporter d'images (JRI), mobilisables à chaque heure du jour et de la nuit quand ils sont de permanence, est de 30 euros brut aujourd'hui.
À défaut d'accorder une revalorisation de la prime d'astreinte des correspondants régionaux, la direction a proposé une augmentation de 15 euros brut de leur prime de bureau. Cette dernière est une compensation pour réalisation de toute une série de tâches par les correspondants régionaux (suivi de l'entretien des véhicules de France Télévisions, contrôle des fournitures...). Intégrée au salaire pour les journalistes à l'ancienneté supérieure à trois ans, son montant est aujourd'hui de 305 euros brut par mois.
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Anne Guillé-Épée, déléguée syndicale centrale du Syndicat national des journalistes de France Télévisions, s'insurge contre ce qui est en fait "une augmentation de salaire de 15 euros par mois". "Nous nous sentons humiliés par la direction. Cela correspond à peine au prix d'un repas remboursé", déplore-t-elle auprès de puremedias.com. "Nous demandons avant tout une revalorisation de la prime d'astreinte, ou de la prime de bureau", revendique la reporter pour France 2 dans la région Centre-ouest.
Du côté de l'antenne, "qui s'appuie sur France 3" pour compenser la grève des journalistes de France 2, "les téléspectateurs ne voient pas forcément la différence mais nous, professionnels, on sait que la qualité des éditions est dégradée", analyse Anne Guillé-Épée. "La désorganisation que notre grève peut susciter va peser sur la rédaction nationale à Paris". Contactée par puremedias.com, la direction de l'information de France Télévisions s'est refusée à tout commentaire.
*Il y a un total de 37 correspondants régionaux sur France 2 et 20 par jour sur le tableau de service.