Un conflit dans la durée. En septembre 2023, dans un an, le "12/13" et le "19/20" national de France 3seront supprimés au profit d'une offre d'information régionalisée. Ce projet, intitulé "Tempo", a été sommairement présenté par la direction de France Télévisions, en juillet dernier, lors de la conférence de rentrée, et a motivé une grève ce lundi au siège du groupe public.
Selon les chiffres officiels, seuls 4,94% de salariés grévistes ont été recensés au siège. Le taux grimpe à 13% pour les salariés, comme les monteurs, rattachés à la direction de l'information. Le taux de personnels grévistes au sein de la rédaction n'a, lui, pas été communiqué. "Jusqu'à 80% des journalistes du service société de la rédaction nationale étaient en grève", signale à puremedias.com le Syndicat national des journalistes du groupe public. Précisons que l'appel à la grève, lancé par cinq forces syndicales (SNJ, CGT, CGC, Unsa et CFDT), n'impliquait pas les salariés de France 3 en régions.
De son côté, la direction de l'information de France Télévisions veut retenir que l'antenne a été tenue malgré la grève. "Le 19/20" de Carole Gaessler a tout de même été écourté lundi. "Bienvenue dans ce journal raccourci en raison d'un mouvement de grève contre la suppression annoncée des éditions nationales de France 3 au profit des 24 antennes régionales", a averti immédiatement la journaliste en prenant l'antenne.
En parallèle, un bandeau déroulant précisait : "En raison d'un mouvement de grève à France Télévisions, ce journal est réalisé dans des conditions particulières". Au lieu de rendre l'antenne à 19h55, comme c'était le cas par exemple le lundi précédent, Carole Gaessler a ainsi lancé le générique de fin de l'édition dès 19h48.
En coulisses, la tension était palpable. L'intersyndicale aurait "obtenu" ce message annonçant la grève contre le projet "Tempo" en début et en fin de journal, ainsi qu'un bandeau déroulant pendant le journal "après négociations avec la direction et menace d'occuper le plateau du '19/20'", a tweeté Serge Cimino, membre du SNJ. Ce que puremedias.com est en mesure de confirmer.
Cette méthode a été diversement appréciée au sein de la rédaction. "En agissant ainsi, les syndicats ne vont pas embarquer avec eux l'ensemble de la rédaction, notamment les jeunes, et le mouvement pourrait faire pschitt", analyse une source contactée par puremedias.com. Sur Twitter, Serge Cimino préfère retenir la "réussite" du mouvement social. "Ce sont des artifices et des contournements du droit de grève qui donnent l'impression à l'antenne que la grève n'est pas suivie !! C'est antisocial !", a-t-il écrit.
En attendant de savoir quelles suites prendra le mouvement, la direction de l'information a annoncé une longue phase de concertation avec les représentants du personnel jusqu'en juillet 2023. Encore faut-il que les syndicats acceptent de s'installer autour de la table. "On nous demande pour l'instant d'écrire un projet dont on connaît déjà la fin", ironisait en fin de semaine dernière Serge Cimino auprès de l'AFP.
Selon le scénario présenté en juillet par Laurent Guimier, directeur de l'information de France Télévisions, ces éditions d'une heure, préparées depuis les 24 sièges de France 3 en région, contiendront "de l'information régionale, produite par les rédactions régionales, et de l'information nationale, produite par les services de la rédaction nationale et franceinfo:".