On ne peut décidément pas plaire à tout le monde. Ce printemps, c'est Slimane qui fait la Une du magazine "Têtu", en kiosques ce mercredi 20 mars. Vainqueur de la cinquième saison de "The Voice" en 2016, l'auteur-compositeur-interprète a été choisi pour représenter la France lors de la prochaine édition de l'Eurovision, qui aura lieu du 7 au 11 mai prochain à Malmö, en Suède. Avec son titre "Mon amour" une ballade romantique et torturée tout à son image, Slimane représente avec justesse une certaine image de la France, entre tradition et modernité. Et pourtant. Selon le chanteur, depuis son l'annonce de sa candidature au concours musical, il été victime d'une "déferlante de messages racistes, qui le renvoient à ses origines algériennes pour le disqualifier".
"C'est triste à dire, mais peut-être qu'on s'y habitue plus qu'on ne gère ce genre de messages, cette violence. Depuis l'annonce de l'Eurovision, c'est pire", a confié Slimane. "Chaque jour, j'ai droit à une sortie raciste du type: 'Ah c'est l'Arabe qui va nous représenter' ou 'y'a pas de chanteur français ?'... Mais aujourd'hui ça peut même me faire rire, tellement je trouve ça pathétique. J'ai déjà répondu mais maintenant je préfère rester dans l'indifférence", ajoute-t-il. "J'estime que ce que je fais, ma carrière, mes concerts, les gens qui viennent me voir de toutes origines et de toutes confessions, sont la meilleure des réponses."
Ce racisme, qu'il soit frontal ou dissimulé entre les lignes, Slimane l'a également vécu plus tôt dans sa carrière. Dans l'entretien, le chanteur explique qu'il tente de se reconnecter aux différentes cultures maghrébines qui composent ses origines, comme "la culture amazighe". " Je suis convaincu que trouver un lien avec le passé permet de créer un nouveau futur", explique-t-il. Une identité multiple qu'il a été parfois obligé de mettre de côté. "On ne m'a pas demandé de changer de prénom, j'ai pu faire ce que je voulais mais il y a certains moments de ma carrière où je me suis rendu compte qu'il y avait des choses que je n'avais pas le 'droit' de faire. Sur 'Viens on s'aime', dans la version album, il y a un pont avec une phrase en arabe qui se répète. On m'a fait comprendre que c'était mieux de l'enlever pour les radios... À l'époque, j'ai dit oui, aujourd'hui, je dirais non. Je regrette un peu", confie-t-il encore.
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Pour le moment, en tout cas, l'artiste préfère "se préserver de plus en plus" de tout commentaire de l'actualité sur ses réseaux sociaux, pour ne pas recevoir "de messages de haine". "D'autant qu'en faisant l'Eurovision, j'accepte de représenter un pays tout entier, et forcément de ne pas être politisé. C'est un choix de faire attention à ce que je dis en ce moment, parce que je suis dans quelque chose qui me transcende. Avec l'âge et l'expérience, j'ai aussi appris à m'exprimer différemment. Je pense d'ailleurs que mon prochain album sera beaucoup plus politisé que ce que j'ai fait jusqu'à maintenant", a-t-il annoncé.