Que s'est-il passé sur le plateau d'"On n'est pas couché" lors de l'enregistrement vendredi dernier ? Ce matin, le site Causeur.fr rapportait un incident coupé au montage entre le polémiste Aymeric Caron et Alexandre Arcady, réalisateur du film "24 jours" sur l'affaire Ilan Halimi. "Consultant ses fiches soigneusement préparées, il déplore, chiffres à l'appui, que le film passe sous silence les actes islamophobes qui ont bien plus augmenté que les actes antisémites. On ne voit pas bien le rapport. Veut-il dire qu'on en fait un peu trop pour une affaire certes terrible mais isolée, quand l'islamophobie est une réalité quotidienne ? On n'ose le penser, mais Arcady en est convaincu. Le ton monte" rapporte Causeur. Le site affirme aussi que le débat s'est poursuivi sur l'affaire Merah et qu'Aymeric Caron a brandi des chiffres à propos des conflits israélo-palestiniens "sous le regard médusé des invités".
Invité ce midi des "Grandes Gueules" de RMC, Alexandre Arcady a confirmé la version de Causeur. "Accroché, le mot est un petit peu faible. Je vais dire que j'ai été tellement estomaqué - et je n'étais pas le seul puisqu'on s'est rendu compte (qu'il) apportait comme ça des espèces de vérités épouvantables. On pouvait comprendre que, parce que des soldats israéliens tuaient les enfants palestiniens... Imaginons déjà comment cette phrase peut être terriblement provocatrice" a expliqué le réalisateur, pointant du doigt l'intervention "préparée" d'Aymeric Caron et ses chiffres.
Puis, le discours a bel et bien dérivé sur l'affaire Mohammed Merah. "Je lui faisais remarquer quand même que le président de Palestine avait fait une déclaration très claire à destination des Français en leur disant 'Ecoutez, les affaires palestiniennes et israéliennes sont nos affaires et je vous demande de ne pas vous en occuper'. Parce qu'à la suite de cette tuerie à Toulouse, c'était insupportable. Et je lui ai fait remarquer qu'il n'avait pas beaucoup été repris dans les médias et que c'était quand même un appel au calme et de ne pas mêler les choses. Mais la chose la plus extravagante, c'est qu'on parle d'un crime antisémite en France, d'un jeune Français, et que ce monsieur vient avec des affirmations d'un antisionisme et d'un anti-Israël d'une façon tellement caricaturale" s'est offusqué Alexandre Arcady.
"Je pense que ce sont des raccourcis qui font mal et qui peuvent perturber beaucoup les esprits. (...) C'est de la désinformation parce que ce sont des raccourcis absolument abjects" a-t-il jugé sur RMC. Et le réalisateur a par ailleurs confirmé avoir été mis au courant de la suppression de la séquence. "La production est venue me voir à l'issue de l'enregistrement, avec le réalisateur, et ils m'ont dit qu'ils allaient couper la séquence, qu'elle était insupportable. Ils ne se sont pas auto-censurés, ils ont considéré avec justesse qu'il ne fallait pas lancer ce type d'anathème qui n'avait rien à faire dans ce débat" a-t-il confié, jugeant que "ça ne méritait pas d'être diffusé". Malgré cette décision, Alexandre Arcady "ne croit pas" que la production ait voulu protéger Aymeric Caron mais plutôt le public.