Quand le naturel reprend le dessus. Benjamin Duhamel, éditorialiste politique de BFMTV, a reçu, ce mardi matin dans "Le face-à-face", le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Celui qui remplace cette semaine dans ce rôle la matinalière de RMC, Apolline de Malherbe, s'est affranchi, par mégarde, du vouvoiement de rigueur dans les rendez-vous politiques.
Au menu de la longue interview matinale co-diffusée sur les deux antennes du groupe Altice : justice civile, prisons mais aussi l'affaire Pierre Palmade, sur laquelle la chaîne info multiplie les angles à n'en plus finir, depuis l'accident de la route provoqué par l'humoriste le vendredi 10 février 2023.
Benjamin Duhamel a enchaîné avec l'arrivée du texte sur les retraites au Sénat "après des jours franchement chaotiques à l'Assemblée nationale". "Quel regard est-ce que vous portez sur la façon dont tout cela s'est passé ? Est-ce que c'était une ambiance de prétoire ?", a-t-il suggéré à son invité, qui s'est permis : "Je peux vous dire deux mots d'abord ?", a-t-il demandé. "Ouais, vas-y !", a répondu l'éditorialiste du tac au tac, avant de se reprendre : "Allez-y !". Joint par puremedias.com, Benjamin Duhamel reconnaît un "lapsus" et précise qu'il vouvoie le ministre hors caméra. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Une séquence jugée "catastrophique" par Alban Azais, réalisateur sur RMC et délégué syndical CGT à RMC et BFMTV, qui s'émeut, dans un tweet, d'un "petit tutoiement qui gâche tout".
Benjamin Duhamel est loin d'être le premier journaliste à se méprendre. Il y a tout juste un an, en février 2022, Apolline de Malherbe avait elle aussi été surprise en train de tutoyer l'ancien maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, alors qu'elle enregistrait un entretien avec lui. Une séquence avait fuité sur le web.
Si certains ont pu voir dans cette séquence - et c'est logique - un exemple de plus qui corrobore une connivence assumée entre les journalistes et la classe politique, rappelons aussi qu'échanger avec les politiques en dehors des plateaux est une pratique courante dans la profession bien qu'elle pourrait être revue. Le déjeuner entre Emmanuel Macron et une dizaine d'éditorialistes de la presse parisienne l'a encore démontré en début d'année. Sonia Devillers, alors éditorialiste médias de France Inter, résumait dans "L'instant M" en juin 2018 que l'usage du "tu" et du "vous" "est loin d'être anodin" dans les médias. "Tout est affaire de convention", assurait-elle.