L'ire du garde des Sceaux. Hier, Anne-Elisabeth Lemoine a reçu dans "C à vous" sur France 5 le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. Ils étaient 1,46 million à écouter l'interview du membre du gouvernement, selon Médiamétrie, soit une part de marché s'élevant à 9,2% des individus de quatre ans et plus. L'émission a ainsi signé son record de saison sur les deux indicateurs.
Au cours de l'échange, l'invité est revenu sur l'une des sorties de Cyril Hanouna dans "Touche pas à mon poste" concernant l'affaire Lola. Jeudi, dans son émission, le présentateur avait déclaré : "Pour moi, le procès doit se faire immédiatement. Procès immédiat. Ca doit être fait en quelques heures. C'est terminé. C'est perpétuité direct. C'est ce que j'aurais fait". "Moi, je pense qu'il faut vivre avec son temps. Aujourd'hui, la société a changé. On ne peut plus laisser des gens comme ça, être jugés pendant des semaines et des semaines", a-t-il ajouté.
Sans citer le présentateur de C8, Anne-Elisabeth a interrogé Eric Dupond-Moretti : "On a entendu dans le débat médiatique des voix demandant un procès expéditif pour la suspecte présumée de ce meurtre. Sans avocat. Procès qui la condamnerait directement à la perpétuité. C'est remettre en cause tous les fondements de la justice française ?".
"Je crois que vous faites allusion aux propos de monsieur Hanouna. Deux millions de téléspectateurs. Je m'échine à mieux faire connaître la justice, à montrer combien la justice, c'est difficile de la rendre. Combien nous devons respecter des règles que notre société a mis des millénaires à élaborer. Et on balaye ça d'un revers de manche", a répondu le ministre. Et de s'agacer : "C'est ça la conception que l'on a de l'Etat de droit dans notre pays ?".
Eric Dupond-Moretti a poursuivi : "Et on dit mieux que ça ! Vous l'avez oublié, madame. Il dit, monsieur Hanouna : 'Ca, c'est l'époque dans laquelle nous vivons !'. Si c'est ça l'époque dans laquelle on vit, on est tombé franchement bien bas ! Ca, c'est le moyen-âge !". "Aucun avocat n'interdira aux juges de prononcer la peine qu'ils estiment devoir prononcer. Ce n'est pas plus compliqué que ça. L'Etat de droit, il nous protège ! Il nous protège tous ! Il protège monsieur Hanouna aussi !", a-t-il enchaîné.
"Et bâillonner l'Etat de droit pour flatter les bas instincts et faire de l'audience, c'est quelque chose qu'à titre personnel, je ne peux pas accepter !", a lancé le garde des Sceaux. Et de souligner : "On n'est pas obligé d'entendre ces propos sans réagir ! Je suis indigné que l'on ne s'indigne pas davantage". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.