Éric Dupond-Moretti sous pression. Le ministre de la Justice sera jugé du lundi 6 au vendredi 17 novembre 2023 pour "prise illégale d'intérêts" par la Cour de justice de la République. C'est une première pour un ministre en exercice. Invité du "8.30" de Franceinfo ce vendredi 6 octobre 2023, le garde des Sceaux, soupçonné d'avoir lancé à l'été 2020 des enquêtes administratives contre quatre magistrats, a été interrogé sur la compatibilité de ses fonctions avec le procès qui l'attend.
"Comment vous ferez, par exemple, lorsque les audiences seront en plein Conseil des ministres ou pendant des séances de Questions au gouvernement ? Est-ce que vous vous déporterez sur certains dossiers ? Est-ce que vous vous ferez remplacer à certains moments ?", a cherché à savoir Agathe Lambret. "Mais nous verrons et vous verrez", a d'abord balayé d'un revers de la main l'avocat de formation. "Moi, je veux travailler jusqu'à la dernière minute", a-t-il poursuivi, sous-entendant qu'il y aurait une échéance. "Je travaillerai encore ensuite évidemment parce qu'il y a des choses que vous ne pouvez pas laisser tomber. Mon but, c'est que le ministère de la Justice puisse continuer à tourner", s'est-il repris.
"Vous pourriez être remplacé ponctuellement par la Première ministre (Élisabeth Borne) ou par votre cabinet ?", a insisté Agathe Lambret. "Vous allez me poser 50 fois la question ?", s'est agacé Éric Dupond-Moretti. L'ancienne journaliste de BFMTV ne s'est pas laissée impressionner : "Est-ce que si vous êtes condamné, Éric Dupond-Moretti, vous démissionnerez ?", a-t-elle enchaîné. "Mais madame, c'est extraordinaire comme vous voulez aller plus vite que la musique. Vous me permettrez de dire un certain nombre de choses, de m'exprimer, de me défendre. Voilà, on va arrêter là et ensuite vous verrez. Ce procès ne doit pas prendre toute la place", a-t-il défendu.
"Il se trouve que vous êtes renvoyé devant la Cour de justice de la République, qui est composée notamment de six députés et six sénateurs. Est-ce que c'est normal d'être jugé par ses pairs ? Emmanuel Macron, par exemple, voulait supprimer cette CJR qui est accusée d'être une justice d'exception...", a repris Agathe Lambret. "Madame, c'est la loi. On va arrêter avec ce sujet. Patientez un peu ! Est-ce que je puis me permettre de vous le suggérer. Il m'est impossible de vous donner des ordres comme je ne peux pas en donner au procureur de la République et c'est très bien comme ça. Madame, attendez un peu ! Suivez-le le procès !", a-t-il lâché, pensant ainsi avoir mis fin au sujet.
Benjamin Fontaine, joker de Jean-Rémi Baudot, a repris à son compte les questions de sa partenaire d'antenne. "Éric Dupond-Moretti, vous comprenez que c'est assez inédit qu'un ministre de la Justice soit...", a-t-il tenté de reprendre. "Monsieur, passons à autre chose si vous le voulez bien. Je pense avoir été clair. Je pense vous avoir répondu", l'a coupé net Éric Dupond-Moretti.
"Vous comprenez que pour le devoir d'exemplarité dont Emmanuel Macron a beaucoup parlé, cela puisse faire tâche ?", a insisté le journaliste. Le sang du ministre n'a fait qu'un tour. "Faire tâche ? Monsieur, je voudrais vous dire que je suis présumé innocent comme vous le sauriez si vous étiez... Voilà (...) Et deuxièmement, monsieur, plutôt que d'en parler comme ça, venez au procès. Venez, il sera public." puremedias.com vous propose de visionner la séquence.