À ce sujet, le gouvernement était resté très évasif voire s'était muré dans le silence. Dans le "8.30" de Franceinfo, Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot ont reçu, ce samedi 30 septembre 2023, Franck Riester. Le ministre des Relations avec le Parlement n'a pas échappé à une question sur la perquisition par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) du domicile d'Arianne Lavrilleux le 19 septembre dernier.
La journaliste d'investigation a été placée en garde à vue pendant 39 heures "dans le cadre d'une enquête pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d'informations pouvant conduire à identifier un agent protégé, ouverte en juillet 2022".
"Cette semaine, la justice a considéré que tous les documents saisis lors de la perquisition de son domicile pouvaient être utilisés", a contextualisé Jean-Rémi Baudot, avant de demander à l'ancien locataire de la rue de Valois s'il est "normal que l'on puisse tenter d'identifier des sources de journalistes d'investigation".
"La liberté de la presse est l'un des acquis fondamentaux de notre démocratie (...) et nous y sommes très attachés", a débuté Franck Riester. "Pour autant, la liberté de la presse ne permet pas tout. Il y a un encadrement de cette liberté de la presse qui est prévu par la loi. Après, c'est à la justice de déterminer si cette liberté de la presse, en ce qui concerne ce cas particulier, a été au-delà de ce qui était possible ou pas".
Pour Franck Riester, cette perquisition n'a pas vocation à dissuader les lanceurs d'alerte de s'adresser aux journalistes. "Il faut qu'ils respectent la loi. La loi a permis, notamment en 2010, de sécuriser ou de conforter le secret des sources", a botté en touche Franck Riester à trois jours du lancement des États généraux de l'information. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
"Deux semaines après ma garde à vue, le gouvernement s'exprime pour la première fois via Franck Riester. Le ministre défend 'la liberté de la presse' et la loi de 2010 dénoncée par Reporters sans frontières, dont le flou a rendu possible mon arrestation et ma perquisition", a contextualisé Ariane Lavrilleux dans un message posté ce samedi 30 septembre 2023.
Avec d'autres confrères, Ariane Lavrilleux est à l'origine – dans une enquête pour "Complément d'enquête" et "Disclose" – de révélations embarrassantes pour l'État français : ce dernier se serait rendu complice de crimes commis contre des civils, des contrebandiers de cigarettes pour la plupart, par l'armée égyptienne – en lui fournissant des renseignements – au nom de la lutte anti-terroriste. Le tout sans réaction de l'État français pourtant informé de ces exactions.
"À chacune de mes auditions, face aux questions parfois manipulatoires des policiers, j'ai inlassablement fait valoir mon droit au silence", a témoigné Ariane Lavrilleux après la levée de sa garde à vue.
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Dans le même temps, on apprenait qu'un ancien militaire, soupçonné d'être l'une de ses sources, a été mis en examen pour détournement et divulgation du secret défense. Une infraction passible de 7 ans de prison.