L'ouvrage de la discorde. Ce mercredi, le livre "PPDA, le Prince noir", écrit par Romain Verley, sort en librairie. Il s'agit d'un portrait sur l'ancien présentateur phare de TF1, Patrick Poivre d'Arvor, rédigé par le journaliste auteur d'un numéro de "Complément d'enquête" sur France 2, consacré aux accusations de 22 femmes, dont 11 pour viol, contre l'ex-star de la Une.
Avant la publication du livre, l'une des victimes présumées de Patrick Poivre d'Arvor a saisi le tribunal de Paris pour "atteinte à l'intimité de sa vie privée" pour empêcher la sortie du portrait, révèle "Le Parisien". La femme s'est indignée que le récit détaillé de son viol soit présent dans l'ouvrage, alors qu'elle n'a jamais souhaité le rendre public, qu'elle n'a pas échangé avec Romain Verley et qu'elle n'a pas donné son accord pour la publication d'extraits de son audition par la police en mars 2021.
Elle a alors reçu le soutien d'une dizaine d'autres accusatrices contre PPDA, qui ont écrit au journaliste dans un mail commun, que le quotidien francilien a pu consulter. "Vous vous êtes autorisé à relater nos histoires d'humiliations les plus intimes que certaines d'entre nous avaient choisi de réserver à la justice. Vous n'avez pas respecté notre volonté, rajoutant une nouvelle couche de violence à la violence", ont-elles déclaré. Et d'ajouter : "Nous sommes pourtant nombreuses à avoir confié à vos confrères et consoeurs les viols et les agressions que nous avons subis. Il était inutile de forcer celles qui redoutaient l'impact du récit détaillé de leur viol sur leurs proches, leurs compagnons ou leurs enfants". "Ca n'apporte rien à la démonstration. C'est blessant", ont-elles conclu.
Hier soir, "Le Parisien" a annoncé que le tribunal de Paris a finalement autorisé la sortie du livre, malgré le recours de la victime. La justice a pris en compte "le caractère douloureux de l'évocation publique des détails de l'agression subie" mais a justifié sa décision en considérant que "les révélations touchant à la vie privée de la demanderesse, s'inscrivant dans le cadre d'un sujet d'actualité (...) sont dès lors susceptibles de se trouver justifiées par la nécessaire information du public".
Romain Verley s'est d'ailleurs exprimé auprès du journal : "Je suis ni le porte-parole des plaignantes, ni l'avocat de PPDA. Je suis là pour donner des faits". Egalement jointe par "Le Parisien", son éditrice Isabelle Saporta a pris la défense de son auteur : "On peut comprendre l'angoisse de la dépossession que peuvent ressentir les victimes, qui ont eu beaucoup de courage à porter plainte. Personne n'a été out-é, car la femme dont on parle était sur le plateau de 'Mediapart'. On ne divulgue pas des témoignages par voyeurisme, mais pour dénoncer un système, un modus operandi". "Je comprends leur douleur, mais c'est important de faire une enquête journalistique pour rapporter des faits étayés par une centaine de témoins, dénoncer un système et tenter de sortir de l'omerta", a-t-elle ajouté.