Des candidates mécontentes de leur expérience. Selon "Closer", quatre anciennes participantes de "Retour à l'instinct primaire", diffusé entre août et octobre 2018 sur RMC Découverte, ont déposé plainte contre 909 Productions, producteur du programme, pour travail dissimulé, abus de confiance, non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d'autrui. L'émission proposait à un homme et une femme qui ne se connaissaient pas d'apprendre à survivre, nus, en milieu hostile, pendant dans trois semaines, sous l'oeil des caméras.
Mais selon deux des anciennes participantes qui ont engagé la procédure - Jennifer et Gabrielle - et que puremedias.com a pu interroger, la production leur aurait parlé au moment du casting d'un documentaire et non pas d'une émission de télé-réalité. Un postulat de départ qui les aurait incitées selon elles à prendre part à l'aventure, d'autant qu'elles avaient déjà vu la version américaine, "Naked and afraid"... avant de déchanter sur le terrain. Car si la nudité ne leur a pas posé problème - les parties intimes étaient floutées à l'écran - ce n'est pas le cas de la nature du programme. "C'est une télé-réalité aménagée à leur sauce", peste Gabrielle, bientôt 60 ans, la doyenne du programme. Nous n'étions pas libres de faire ce que nous voulions, on nous donnait des ordres".
La candidate, dont l'aventure s'est déroulée en Afrique du sud, se souvient de son arrivée, lorsque selon elle, l'équipe de tournage lui a fait tourner cinq fois de suite la scène où elle doit se déshabiller pour garder la meilleure prise. Mais son plus mauvais souvenir restera la nuit où elle a été réveillée par des félins qui se trouvaient près de son camp. Gabrielle affirme avoir alerté la production à l'aide du talkie-walkie à sa disposition et avoir trouvé "le temps très long" avant qu'un ranger armé n'intervienne. Finalement, plus de peur que de mal puisque les bêtes ont fini par s'enfuir.
Mais la doyenne a été suffisamment choquée pour vouloir quitter l'aventure. "On m'a convaincue de rester jusqu'au lendemain soir, pour que la production puisse retourner la scène". En effet, la nuit, sur leur camp, les participants doivent se filmer eux-mêmes, en l'absence d'équipe présente sur place et le fameux soir, Gabrielle s'est plus souciée d'elle-même que de sa caméra. "La journaliste m'a fait répéter un texte et on m'a demandé de regrimper dans l'arbre, comme la nuit précédente. Je ne suis pas une actrice !", s'étonne encore Gabrielle. Ce principe de répétition des scènes se serait renouvelé à plusieurs reprises en d'autres circonstances.
Pour Jennifer, "Retour à l'instinct primaire" étant considéré comme une émission de télé-réalité par les plaignantes, tous les participants auraient dû avoir un contrat de travail en bonne et due forme avec une rémunération adaptée. Or, selon la jeune femme originaire du Gard, seul un dédommagement global à hauteur de 1.400 euros a été proposé à chacun.
Et encore, selon Jennifer, tous n'ont pas reçu cette somme. "La condition imposée par la production était que nous allions au bout de l'aventure", avance-t-elle. Une condition qui aurait fluctué en fonction des candidats. Jennifer a par exemple été dédommagée alors qu'elle est partie au bout de huit jours, tandis que Gabrielle après sept jours passés sur place, n'aurait rien reçu. En outre, selon Jennifer qui se serait retrouvée avec un scorpion "mortel" sur elle, les conditions de sécurité promises par 909 Productions n'étaient pas remplies. Suite à cet incident, elle affirme avoir voulu quitter l'aventure. "On m'a fait culpabiliser en me disant que les gens de la production ne seraient pas payés et on m'a convaincue de rester un jour de plus", certifie la jeune femme. Jennifer demande aujourd'hui que son contrat, comme celui des autres participantes impliquées dans la procédure, soit requalifié en contrat de travail.
Contactés par puremedias.com, ni la société 909 Productions, ni RMC Découverte n'ont retourné nos appels. Lors de la présentation à la presse du programme en juin dernier, Frédéric Joly, le patron de 909 Productions, avait insisté sur la notion de sécurité des candidats, avec par exemple la création d'un IDS, un indice de survie destiné à déterminer la capacité de résistance de chacun avant et après leur départ. Seules les personnes ayant obtenu un score supérieur à 5,5 sur une échelle de 10 avaient été autorisées à tenter l'expérience.
Diffusés entre le 29 août et le 3 octobre derniers, les 12 épisodes de la saison 1 de "Retour à l'instinct primaire" ont rassemblé en moyenne 512.000 téléspectateurs, pour 2,4% de part de marché selon Médiamétrie.
Mise à jour du 19/01 à 11h : Frédéric Joly, le producteur, a réagi auprès du "Parisien". Il réfute toutes les accusations portées contre son émission et annonce son intention de porter plainte contre Jennifer pour diffamation. "Nous avions prévu un dispositif médical composé d'urgentistes locaux, d'un médecin français, de guides armés et d'un spécialiste de la survie. Et nous ne leur avons jamais donné aucune indication. Ils étaient complètement libres et pouvaient partir quand ils voulaient", affirme le patron de 909 Productions. Le tournage d'une deuxième saison de "Retour à l'instinct primaire" débutera dans les prochains jours.