Premiers remous pour le groupe de Rodolphe Saadé. Vendredi dernier, Aurélien Viers a été mis à pied pour une semaine après le choix d'une Une de "La Provence" sur les suites d'une opération antidrogue dans la ville de Marseille. Une décision qui n'a pas plu aux journalistes, accusant l'actionnaire CMA CGM d'interventionnisme et votant dans la foulée une grève, qui a été levée hier. Dimanche, le directeur de la rédaction a finalement retrouvé ses fonctions plus tôt que prévu.
Dans les colonnes du "Figaro", ce mardi 26 mars 2024, Jean-Christophe Tortora, directeur général de Whynot Media, branche médias du groupe CMA CGM, veut rassurer ses troupes : "Je ferai tout pour recréer de la confiance et effacer les séquelles de cette crise. Mais quand on voit un tel émoi, il est de notre responsabilité de résoudre au plus vite le problème". Il explique s'être réuni dimanche avec Laurent Guimier, directeur délégué à l'information, Gabriel d'Harcourt, directeur général du quotidien, et Aurélien Viers afin d'"analyser les défaillances dans la chaîne de commandement".
Selon Jean-Christophe Tortora, il y aurait "un problème de confiance entre la direction générale et la direction de la rédaction" : "Il ne s'agit pas d'un problèmes de personnes. Mais les procédures de vérification de la Une sont plus fragiles qu'à 'La Tribune'. Nous serons plus exigeants". Et d'appeler à "travailler ensemble en remettant de la méthode".
Il revient alors sur l'origine de ce conflit qui serait "une Une mal exécutée et qui autorise une double lecture" : "Je l'ai découverte jeudi matin et j'ai fait savoir mon mécontentement". "Faire penser que l'on donne la parole à des narcotrafiquants est un problème pour nos lecteurs et pour les acteurs de terrain qui nous ont appelés. C'est donc une erreur", insiste Jean-Christophe Tortora. Et d'ajouter : "Il faut réaffirmer que nos journaux sont dans la République".
Au sujet de la mise à pied d'Aurélien Viers, le patron de la branche média du groupe rappelle "qu'il n'était pas question de licenciement" : "Un entretien préalable peut mener à d'autres issues, comme un avertissement. Beaucoup trouvent cette décision sévère, mais la Une n'était pas maîtrisée".
Enfin, Jean-Christophe Tortora le martèle : "Rodolphe Saadé n'est jamais intervenu dans cette affaire". "Il n'a pas pour habitude de m'appeler au saut du lit pour me faire part de ses remarques sur les Unes de 'La Tribune', journal dont il est propriétaire depuis fin juillet", poursuit-il. Et d'indiquer : "Jeudi, à la mi-journée, j'ai informé Rodolphe Saadé de la décision que nous avions prise avec Gabriel d'Harcourt et Laurent Guimier de la mise à pied d'Aurélien Viers. Il ne nous a donné aucune directive. Il ne l'a jamais fait à 'La Provence', depuis que son groupe CMA CGM en est propriétaire. S'il était dans l'ingérence sur le plan éditorial, pensez-vous qu'il aurait attendu un an et demi pour se mêler des Unes et des sujets ? Il faut être un peu sérieux".