Un récit digne d'un épisode de "24h Chrono". Vendredi soir dans "Quotidien" sur TMC, Gilles Bouleau était l'invité de Yann Barthès pour évoquer ses dix années à la tête du "20 Heures" de TF1. Et l'animateur a voulu le faire revenir sur son interview de Vladimir Poutine, réalisée en juin 2014 en compagnie de Jean-Pierre Elkabbach, quelques mois après l'annexion de la Crimée par la Russie. Une interview qui avait été négociée pendant de longs mois et qui a donné lieu sur place - tout près de la résidence d'été de Staline - à un savant manège d'usure psychologique orchestré par le pouvoir russe pour déstabiliser les deux journalistes français.
"Rendez-vous est fixé avec Poutine à 14h. (...) 15h, toujours pas de petit mini bus. 16h. 17h, on arrive dans une pièce cinq fois plus petite que celle-là, sans toilettes, sans robinets, sans rien à manger. Le détail a son importance. On s'installe avec nos cameramen venus de Paris et puis je vois venir au fur et à mesure d'autres cameramen. (...) C'était des agents du FSB qui venaient tourner les mêmes axes pour être sûrs qu'on ne bidonne pas", a relaté Gilles Bouleau, qui préparait cette interview avec son confrère depuis 9h du matin.
A 19h, l'attachée de presse de Vladimir Poutine a fait son apparition dans la pièce pour les prévenir que le président Poutine aurait du retard. "Je suis allé faire pipi dans les bégonias et je suis allé boire un verre", a confié Gilles Bouleau pour l'anecdote. "On était fatigués et là, on était moins pugnaces", a-t-il ajouté, convenant que c'était le but recherché par le pouvoir russe.
A 21h, l'attachée de presse a de nouveau fait son apparition pour les prévenir que Vladimir Poutine n'allait plus tarder. "22h, 23h... Rien ne se passe. On était enfermés dans notre pièce depuis 14h15. Il est 23h15, elle revient". Mais seulement pour dire que le président doit avoir un entretien avec son sous-secrétaire au commerce. Passés 0h, la collaboratrice prévient Gilles Bouleau et Jean-Pierre Elkabbach que Vladimir Poutine doit faire... une sieste. "1h15 du matin. Il est frais comme un gardon. Nous, on est épuisés, excédés, fatigués", résume le titulaire du "20 Heures" de TF1 pour qui Vladimir Poutine a une activité noctambule comparable à celle de Staline.
"L'interview se passe bien. Il n'hésite pas à montrer qu'il est agressif", a pu constater Gilles Bouleau selon qui Vladimir Poutine lui aurait confié à la fin de l'entretien qu'une des questions qui lui avait été posée ne l'aurait jamais été par un journaliste russe. Le tout en mimant de manière presque imperceptible le geste d'une gorge tranchée.
Les deux Français ont ensuite été invités à boire plusieurs verres par l'homme fort du Kremlin, qui a profité de la circonstance pour leur rappeler qu'il a vécu la chute du mur de Berlin en 1989 comme une humiliation. "Je ne l'oublierai jamais", a conclu Gilles Bouleau au terme de ce récit. puremedias.com vous propose de revoir cette séquence ici.